Alors que son père, Silvio, président de l'AC Milan depuis 1986, a annoncé samedi son intention de se présenter aux prochaines élections législatives en Italie, sa fille, Barbara, s'explique sur son rôle dans l'organigramme du club lombard dans un entretien fleuve au quotidien L'Equipe, publié lundi. Connue jusque-là comme "la fille de" ou "la compagne de", celle qui a entretenu (entretient ?) une relation avec l'attaquant brésilien Alexandre Pato (ici en 2011) y parle de sa mission de "responsable des projets spéciaux" et démontre une belle maîtrise des dossiers. "Ce n'est pas Milan qui a changé, c'est la réalité dans laquelle nous évoluons", explique-t-elle avec conviction. "Le modèle économique sur lequel nous avons grandi - celui d'un mécène passionné qui finance le club -, était excellent mais il n'est pas adapté à la situation d'aujourd'hui. (...) Il faut donc que le club devienne capable de vivre sur ses ressources propres."
El-Shaarawy comme alternative à Ibrahimovic
Cette nouvelle politique de rigueur a été symbolisée par la vente, l'été dernier, des deux meilleurs éléments de l'équipe au PSG : le défenseur brésilien Thiago Silva et l'attaquant suédois Zlatan Ibrahimovic. Ce départ a été suivi d'une baisse des résultats (l'AC Milan n'est que 7e de Serie A) et par une forte érosion de l'affluence au Stade San Siro (-20%). "Pour évaluer une stratégie comme la nôtre, il faut peut-être dix ans", plaide-t-elle. "Et puis les grands champions, on peut aussi les fabriquer à la maison. Nous avons renoncé à Ibrahimovic mais nous en avons trouvé un avec El-Shaarawy, un jeune talentueux (international italien de 20 ans, meilleur buteur du championnat avec 13 buts), qui représente parfaitement le club : il a les pieds sur terre."
"Pourquoi devrions-nous envier le PSG ?"
Au fil de l'entretien, la jeune diplômée en philosophie (28 ans) rappelle que le club est plus important que les joueurs qui y passent. "Les champions sont très importants. Mais ils vont et viennent. Quel est le véritable emblème du club ? Le maillot", souligne-t-elle. Plus que le FC Barcelone, la dirigeante fait du Bayern Munich le modèle à suivre en Europe. "C'est le meilleur des modèles. Même une saison manquée sur le plan sportif ne lui cause pas de dommage financier", précise-t-elle, avant d'ajouter plus loin : "la victoire reste notre objectif, mais la victoire sur plusieurs fronts. Sportif et économique." Et, à la question de savoir si elle envie la nouvelle surface financière du PSG, elle se fait catégorique : "Mais, pour arriver aux résultats de Milan, je crois que le PSG va devoir encore beaucoup travailler. (...) Pourquoi devrions-nous envier le PSG ? Nous n'envions personne. Nous sommes le club le plus titré au monde." A la lire, on se dit qu'une affiche PSG-AC Milan en huitièmes de finale de la Ligue des champions aurait quand même une drôle d'allure...