Auteur d'un nouveau match plein contre Auxerre le week-end dernier (3-1), avec un but et deux passes décisives à la clé, Cédric Barbosa a confirmé tout le bien que pense Evian-Thonon de son trentenaire actif depuis son arrivée en Savoie. Garant des valeurs du football plaisir, l'Ardéchois compte bien profiter des derniers instants magiques que son métier peut procurer. A commencer par cette rencontre contre Lille, samedi, comptant pour la treizième journée de Ligue 1. Internet peut se révéler redoutable et "flinguer" une carrière longue de dix-sept saisons en seulement quelques clics. En tapant "Cédric Barbosa" sur les moteurs de recherche, du nom de cet habitué des préparations d'avant-saison qui n'a jamais compté les kilomètres avalés et les calories dépensées depuis le début de sa carrière en 1994, on arrive rapidement à une vidéo au titre plutôt aguicheur: "Frédéric Antonetti se fait Cédric Barbosa". Ou comment le technicien corse, à la gouaille inimitable, allume celui qui porte, alors (2007), le maillot du FC Metz, en le traitant "d'imbécile" après une faute grossière sur Ederson. "Cette espèce d'imbécile continue de jouer encore. A chaque fois qu'il est dans un club, ils descendent", entend-on du bord de la touche du stade Saint-Symphorien. Et c'était peut-être encore pire, un peu plus haut dans les gradins. Si l'on ne peut pas faire abstraction de ce malheureux concours de circonstances, résumer la carrière de Barbosa à ses quatre relégations (Alès, Montpellier, Troyes et Metz) reviendrait à prendre un raccourci tortueux et pas forcément flatteur. Ni pour lui, ni pour notre profession. "Je pense que cette mauvaise image a refroidi quelques clubs qui ont souhaité, à un moment donné, me recruter", sourit aujourd'hui "Ced le maudit". Je pense aussi que ma grave blessure au genou, en 2004, quand j'étais à Rennes, n'a pas joué en ma faveur". Pourtant, cet Ardéchois au caractère bien trempé a fait fi de ce regard condescendant du milieu, continuant de croire en sa bonne étoile, malgré les bâtons que plusieurs personnes, "qu'il ne veut pas citer", lui ont mis dans les pattes. C'est le plaisir et uniquement le plaisir de jouer au football qui guidera ses jambes de trentenaire amoché. Et qui finira pas le récompenser. "J'ai conscience de faire un beau métier" Car en misant ses deniers sur ce milieu polyvalent, expérimenté mais placardisé, le petit club de Croix de Savoie (National), devenu Evian-Thonon après fusion, ne pensait pas que ce chat noir se transformerait en capitaine courage d'une équipe portée en triomphe dans la cour des grands, après deux montées consécutives. "J'étais venu avec l'état d'esprit d'aider le club mais je ne me doutais pas un instant qu'on allait gravir les échelons aussi rapidement", confiait celui qui parle volontiers de seconde jeunesse, devant les caméras de L'Equipe TV en septembre dernier. C'était un gros pari. Parce que ce n'est pas évident, quand tu as passé la majorité de ta carrière en D1, de faire l'effort de repartir en National. C'était un choix difficile à faire pour l'égo". Ils ne sont plus beaucoup dans l'effectif de Bernard Casoni à avoir vécu l'épopée savoyarde dans son intégralité (Cambon, Bérigaud, Angoula, Laquait), Evian ayant décidé de rejouer la carte de l'expérience cet été pour assurer rapidement son maintien dans l'élite. Barbosa a du coup cédé son statut de doyen du groupe à un autre écorché vif, Jérôme Leroy, mais continue, du haut de ses 35 printemps et de ses onze années disputées au plus haut niveau, à interpréter le rôle du grand frère auprès des jeunes pousses du club. Avec trois réalisations et autant de passes décisives en huit apparitions, l'une des anciennes têtes de turc du football français, qui n'a jamais affolé les statistiques, pose même des chiffres sur son "envie d'apporter, de prendre du plaisir... quand c'est possible". Seule l'incapacité du promu savoyard à lui fournir un nombre suffisant de kinés sifflerait pour lui la fin des prolongations.