Onze ans que le basket français attendait ça. Depuis la victoire des filles de Valenciennes en Euroligue, en 2004, aucun club français n'avait réussi à remporter le moindre trophée sur la scène continentale. Plus d'une décennie plus tard, c'est un autre club nordiste de basket féminin, l'Entente sportive basket de Villeneuve-d'Acsq-Lille Métropole (ESBVA-LM), qui a réussi à mettre fin à cette longue période de disette en remportant contre les Belges de Braine-l'Alleud l'Eurocoupe, la deuxième Coupe d'Europe derrière l'Euroligue. Pourtant, les filles de Frédéric Dussart s'étaient inclinées de quatre points lors du match aller disputé la semaine dernière, dans le Nord (64-68). Mais, jeudi, dans un Spiroudome de Charleroi plein à craquer (6.500 personnes), l'EBSVA-LM est parvenue à renverser la tendance avec une victoire de 20 points (73-53). A la différence des finales de Pro A ou de NBA, celle de l'Eurocoupe se joue en effet à la différence de points en match aller et retour.
Un 18-0 dans le troisième quart-temps. Après un début de match crispé, les joueuses nordistes ont réussi à se transcender dans une salle bouillante et tout entière acquise à la cause des "Castorettes", le surnom des joueuses de Braine. On a notamment assisté dans le deuxième quart-temps à un échange musclé entre la meneuse belge Marjorie Capréaux et sa compatriote Ann Wauters, qui porte les couleurs de Villeneuve-d'Ascq. C'est après la pause que l'ESBVA-LM a fait la différence avec un irrémédiable 18-0 pour mener de 23 unités (56-33), un écart que les Belges ne sont jamais parvenues à combler.
"Notre stratégie n'était pas bonne au match aller", a convenu le coach des joueuses nordistes, Frédéric Dussart. "On a modifié deux ou trois choses et derrière, le mental et l'intensité ont fait la différence. Le fait d'avoir zéro émotion devant 6.000 personnes, cela a aidé (...) Après l'altercation (entre Marjorie Carpréaux et Ann Wauters (en rouge), ici face à face, photo), on a su reprendre nos nerfs et c'est cela qui était important." Sacrée à domicile, Ann Wauters goûtait avec une belle satisfaction la revanche prise par rapport au match aller. "Les "Guerrières", c'est notre surnom et ce n'est pas du tout ce que nous avions montré (lors du match aller). Ce soir (jeudi soir), on était prête à nous battre, à "boxer" pour aller chercher les rebonds. Cette attitude a fait la différence", a convenu la capitaine des Nordistes. "Je sais que (la défaite), c'est dur pour le public belge mais je suis très contente d'avoir gagné. C'est très important aussi parce que c'était notre objectif de la saison."
Et maintenant, place à Nanterre ! Eliminée en demi-finales de cette même compétition l'an dernier, l'ESBVA-LM, actuel 3e du classement de la Ligue féminine derrière Bourges et Montpellier Lattes, avait effectivement l'Eurocoupe dans le viseur. A tel point que le club nordiste avait refusé - tout comme son adversaire en finale d'ailleurs - de participer à la mieux exposée mais plus relevée Euroligue, pour laquelle elle avait été invitée.
Et, aujourd'hui, l'ESBVA-LM n'a pas à regretter ce choix. "Cette victoire va faire du bien à tout le monde, à notre public et au basket français", a estimé Johanne Gomis, qui a inscrit 10 points jeudi. "Cela faisait longtemps qu'une équipe française n'avait pas gagné un titre européen. On est très contentes de l'avoir fait." Les joueurs de Nanterre vont tenter d'imiter leurs homologues nordistes les 24 et 26 avril prochains, à Trabzon, en Turquie, lors de la finale à quatre de l'Eurochallenge, la troisième Coupe d'Europe chez les messieurs.