Le feuilleton de l'automne arrive à son terme. Après moult déclarations et autant de rumeurs, David Beckham devrait finir par signer au PSG en janvier prochain. C'est en tout cas ce qu'annoncent Le Parisien et L'Equipe, mercredi. Europe1.fr passe en revue les raisons qui ont poussé le club de la capitale à s'enamourer de "Becks".
Pour vendre des maillots. "Beckham est plus qu'un joueur de football, c'est une marque, une pop-star." Dès sa première allusion à un possible transfert de Beckham au PSG, le 16 septembre dernier, Leonardo, le directeur sportif du club, va droit au but : s'il souhaite faire venir David Beckham, ce n'est pas uniquement pour son pied droit. Donc, Beckham est une "marque". Et quelle plus belle exposition pour une marque que d'apparaître sur un maillot de foot. Logique, donc, que le PSG espère vendre des tuniques floquées, peut-être, du numéro 32, son numéro à Milan (ses deux plus célèbres numéros, le 7, à Manchester et en équipe d'Angleterre, et le 23, au Real et au Galaxy, sont pris, respectivement, par Jérémy Ménez et Mohamed Sissoko). C'est sur cette logique économique que le Real Madrid du début des années 2000 a fonctionné en engageant, chaque saison, un joueur non seulement capable de renforcer l'équipe mais également, et surtout, de vendre des maillots : Luis Figo en 2000, Zinédine Zidane en 2001, Ronaldo en 2002 et... David Beckham en 2003. En cinq mois, les ventes de maillot de Beckham avaient rapporté plus de 8 millions d'euros au club madrilène...
Pour populariser la marque PSG. La vente de maillots n'est que la partie émergée de l'iceberg. Avec l'arrivée de Beckham, le PSG deviendrait plus qu'un club. "Ça va donner un coup de projecteur à la fois sur le club du PSG et sur ses nouveaux propriétaires, à savoir les gens du Qatar Sports Investment", souligne au micro d'Europe 1 Bruno Satin, agent de joueurs et spécialiste du marketing sportif chez IMG. "Il y a beaucoup de gens, dans le monde entier, qui connaissent la ville de Paris et le joueur Beckham, et là, ils vont être associés à travers le club du PSG, qui, d'un seul coup, va devenir une marque planétaire." Car, avant d'être un club de Ligue 1, le PSG est le club de Paris. Et même le seul. Les propriétaires qatariens jouent donc sur du velours. Les produits Beckham, à commencer par le maillot, vont devenir le "must have" pour les touristes en visite. C'est aussi là où l'arrivée de Beckham est incomparable avec celle de Pastore, un espoir seulement (re)connu en Argentine et en Italie. "Becks", lui, fait le pont entre le monde anglo-saxon et le monde asiatique en passant par l'Europe. Du très lourd au niveau de la renommée, seulement comparable avec les meilleurs joueurs actuels, comme Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo, actuellement au sommet de leur art...
Pour stabiliser le milieu. Où en est Beckham ? A priori, le milieu de terrain anglais n'a pas la "caisse" pour tenir 90 minutes dans le championnat de France, réputé pour son niveau athlétique. Parti en 2007 aux Etats-Unis, où le jeu ne va pas aussi vite qu'en Europe, Beckham a sans doute perdu le rythme. Mais pas tout son talent. "Sa carrière, pour moi, elle n’est basée que là-dessus : une belle adresse, un super pied droit, bien enroulé, bien travaillé", juge Robert Pires, consultant Europe 1. La titularisation de Beckham sur le côté droit paraît peu crédible. Ce poste, actuellement occupé par Jérémy Ménez, exige des qualités de vitesse que n'a plus Beckham, 36 ans. En revanche, "Becks" pourrait être utile plus bas sur le terrain, dans un poste de milieu relayeur qu'il a occupé jusqu'au mois de novembre, à Los Angeles. Car si le PSG dispose de quelques techniciens hors pair en attaque, notamment avec le trio Ménez-Pastore-Nene, son milieu de terrain souffre dans la construction. Beckham pourrait apporter cette touche technique et son association à un joueur habile à la récupération, comme Mohamed Sissoko ou Blaise Matuidi, pourrait être crédible. "Je ne sais pas exactement dans quelle forme se trouve Beckham, mais si les défenseurs adverses ne le serrent pas de trop près, il peut mettre le ballon sur la tête d'un équipier avec une précision diabolique", estime Gérard Houllier dans L'Equipe. Inutile de préciser que Beckham pourrait également apporter son écot sur les coups de pied arrêtés, coups francs et corners, sa spécialité.
Pour avoir un taulier. Qui est aujourd'hui le patron du PSG ? Javier Pastore n'en a pas l'étoffe et vient d'arriver. Nene a un jeu trop individualiste pour postuler. Mamadou Sakho est le capitaine attitré. Mais si le jeune défenseur, formé au club, a la crédibilité pour le poste, il n'a pas encore l'expérience d'un grand. Depuis la retraite de Claude Makelele, le PSG souffre de l'absence d'un taulier, d'un joueur dont la parole pourrait être écoutée. "Beckham est d'abord un gagneur, avec un moral d'acier. Et c'est une qualité qu'il n'a pas perdu", estime Guy Roux, consultant Europe 1. Bruno Satin, qui l'a connu à l'époque où il était à Manchester, précise que Beckham est "un garçon extrêmement humble, qui reste à sa place, qui ne cherche pas à se faire plus gros qu'il n'est. Ce sont les médias qui ont amplifié ce phénomène. Mais lui est un garçon consciencieux." Ce modèle de professionnalisme, vainqueur de la Ligue des champions avec Manchester United en 1999, pourrait avoir de l'influence sur le vestiaire parisien, qui n'a pas toujours paru très sain ces dernières saisons. Et, occasionnellement, la présence d'une telle star dans l'effectif pourrait aider à dégonfler certains egos. Et ça non plus, ce ne serait pas forcément un luxe pour le PSG, dont l'objectif reste malgré tout de monter une équipe capable de décrocher des trophées.