"Nous avions trouvé un accord sans faille, et clairement, il n'y avait plus rien à revoir." C'est avec cette phrase que Marcelo Bielsa a expliqué samedi soir sa démission du poste d'entraîneur de l'Olympique de Marseille à l'issue de la défaite face à Caen (1-0), lors de la 1re journée du championnat de France de Ligue 1. La raison de son départ semble donc assez claire : le technicien argentin, que l'on sait à fleur de peau, n'a pas accepté que les termes de son nouveau contrat avec le club soient modifiés, alors qu'il s'était mis d'accord auparavant avec le président Vincent Labrune.
"Puis le club, à travers deux personnes m'ont communiqué qu'ils voulaient changer. Lors de la réunion où ces changements ont eu lieu, lui (le président Vincent Labrune, ndlr) n'était pas là", a encore expliqué Bielsa. Les "deux personnes" qu'évoque le technicien argentin, ce sont Philippe Pérez, directeur général du club, et Igor Levin, avocat russe travaillant à New York et représentant de la propriétaire, Margarita Louis-Dreyfus, veuve de Robert Louis-Dreyfus.
Avantages en nature. Quels sont les éléments qui ont été changés dans le contrat ? On sait que Bielsa, qui jouissait d'une grande popularité chez les supporters, avait demandé une augmentation de salaire de 25%, malgré un dernier exercice décevant sur le plan des résultats (4e place en Ligue 1, éliminations précoces des Coupes nationales). Bielsa avait également demandé (et obtenu dans un premier temps) que la clause de résultat (la 4e place) pour une reconduction d'une année supplémentaire de son contrat en juin 2016 ne soit plus présente. Visiblement, ce n'est pas de ça dont l'avocat de "MLD" a parlé lors de la fameuse réunion de mercredi, mais de quelques "détails". Dans son édition de lundi, le quotidien L'Equipe raconte que l'une des pierres d'achoppement des discussions a pu être le devenir des avantages en nature des frères Diego et Javier Torrente, deux membres du staff qui ont quitté le club cet été. Ceux-ci bénéficiaient de voitures de fonction, de billets d'avion ou encore de téléphones mobiles. Bielsa aurait voulu les récupérer.
De son côté, le quotidien régional La Provence précise qu'outre la clause de résultat, que l'OM aurait finalement souhaité maintenir, une prime de 300.000 euros destinée à la reconstruction de la cellule de recrutement aurait semé la discorde entre les deux parties.
Une porte de sortie ? L'Argentin dit n'avoir "rien à se reprocher". Mais le timing de sa démission interpelle. Il explique avoir pris sa décision mercredi. Or, jeudi, en conférence de presse, il n'en a rien dit, félicitant même son président ! Et samedi, avant de lire sa fameuse lettre, traduite en temps réel par l'interprète, il a encore pris le temps de commenter le match qui venait de se terminer. Son explication - "je ne voulais pas perturber la préparation du premier match" - se tient mais l'épisode traduit chez l'Argentin un réel talent de comédien. Dans ces conditions, difficile de lui accorder un blanc-seing quand il dit n'avoir aucune touche pour un futur poste. S'il n'est, semble-t-il, pas lui-même entrer en contact avec la fédération mexicaine, qui recherche un nouveau sélectionneur, l'un de ses représentants l'a fait pour lui. A l'intersaison, Bielsa avait également envisagé un départ en Angleterre, à West Ham. Bielsa s'est-il donc simplement braqué après ce qu'il a considéré comme un manque de respect ou a-t-il trouvé, avec ce contrat modifié, une porte de sortie idéale, rejetant la responsabilité de son départ sur les dirigeants de l'OM ? Pas sûr que le mystère ne soit totalement levé un jour.