Depuis le 16 octobre dernier, quelque chose a changé autour des Bleus. Ils suscitent désormais davantage l'attente que la réprobation. Depuis la Coupe du monde 2006, c'est nouveau. Même les petites phrases de Franck Ribéry, qui a dit préférer le Bayern aux Bleus, ou de Karim Benzema, qui a vanté les mérites de Samir Nasri, n'y ont rien fait.
Le souvenir du match nul (1-1) décroché à la dernière seconde sur la pelouse des Espagnols, champions du monde et doubles champions d'Europe en titre, reste vivace. "Pour en avoir parlé avec beaucoup de personnes qui étaient au stade ou spectateurs, ils ont la sensation d'avoir vibré, d'avoir vécu des émotions fortes", explique le sélectionneur, Didier Deschamps. "Enormément de gens ont regardé ce match. Je n'ai pas eu d'analyse négative ou de reproches, bien au contraire, que des propos élogieux et le sentiment d'avoir vibré."
"Générosité, enthousiasme et détermination"
Après une Coupe du monde marquée par la grève de l'entraînement à Knysna et un Euro plombé par plusieurs gestes d'indiscipline, la France de football avait besoin de ce match. Un match où les Bleus ont montré certaines valeurs qu'on croyait oubliées : "générosité, enthousiasme et détermination", selon les termes de "DD".
Comme souvent en sport, les opérations de communication paraissent secondaires. La rédemption passe d'abord et avant tout par le terrain. "Les images qui ont le plus de poids sont celles qui se passent sur le terrain", insiste Deschamps. "Cela n'a pas de prix. Il faut capitaliser sur ça." Et quoi de mieux qu'un match contre l'Italie, vice-championne d'Europe, battue en juin dernier par l'Espagne en finale, pour se jauger à nouveau ? Et ce, d'autant plus que la Nazionale peut servir de modèle, elle qui s'est (rapidement) relevée d'un Mondial calamiteux.
La confiance accordée au groupe de Madrid
"(Le sélectionneur Cesare Prandelli) a surtout modifié la philosophie de jeu de cette équipe. Avant, les Italiens défendaient bien et étaient très réalistes", décrypte Deschamps. "Cela a beaucoup surpris pendant l'Euro de voir cette Italie qui prenait plus de risques." En Espagne, la France a séduit en deuxième période quand Mathieu Valbuena, entré en jeu à la place de Maxime Gonalons, a offert un visage plus offensif aux Bleus. L'Italie comme nouveau modèle des Bleus ? Possible. En ce sens, Deschamps sait que le premier défi à relever va être celui de la continuité dans les résultats et la performance.
Pour ce faire, il a déjà choisi la continuité dans le choix des hommes. En effet, sur les 23 joueurs appelés contre l'Italie, 21 étaient déjà du déplacement à Madrid*. Les absents ont-ils forcément tort ? "Non", a répondu en substance Deschamps, "mais ceux qui étaient là étaient là".
Quid de l'intégration de Gourcuff ?
Ceux qui n'étaient pas là en Espagne mais qui seront là en Italie se nomment Dimitri Payet et Yoann Gourcuff, dont le cas est évidemment le plus intéressant, eu égard au passé riche et tourmenté du joueur. Deschamps aurait pu attendre le mois de février prochain et le déplacement en Allemagne pour réintégrer le Lyonnais, qui compte deux matches seulement au compteur depuis son retour de blessure. Rappeler Gourcuff, quand on connaît les différends qui ont pu l'opposer à d'autres joueurs du groupe France, est un signe fort d'autorité, par rapport au passé et en direction de l'avenir.
"J'ai voulu le reprendre dans le groupe pour le voir sur le terrain et dans la vie, pouvoir discuter avec lui", a expliqué Deschamps. "Ses qualités, vous les connaissez, qu'il soit naturel." Gourcuff, qui semble avoir retrouvé l'envie avec Lyon, devrait sans aucun doute être aligné dans un milieu à trois très joueur. Pour lui comme pour les Bleus, cet Italie-France est le match des promesses à confirmer.
*Karim Benzema, convalescent, et Clément Chantôme n'ont pas été appelés. Depuis, Christophe Jallet et Gaël Clichy ont déclaré forfait, remplacés respectivement par Anthony Réveillère et Benoît Trémoulinas.