Le compte à rebours a démarré pour l’Euro, en Pologne et en Ukraine (8 juin - 1er juillet). Lors du coup d’envoi mercredi soir à Brême, pour le match amical entre la France et l’Allemagne, les Bleus ne seront plus qu’à 100 jours de cette échéance si importante. 100 jours et toujours pas de capitaine. Qui aura la lourde tâche de porter le brassard, c’est la question de la semaine. Si le choix devrait, a priori, se faire entre Philippe Mexès, Hugo Lloris et Eric Abidal, le sélectionneur peine à trouver un vrai leader.
Le traumatisme de Knysna est encore dans toutes les têtes. L’épisode du bus, le lancer de chrono "mythique" de Robert Duverne, la lettre lue par Domenech et un capitaine, Patrice Evra, à la dérive. "En arrivant à la tête de l’équipe de France, Laurent Blanc a très vite cerné le problème", explique Cherif Ghemmour, journaliste à So Foot et Eurosport. "Patrice Evra a échoué à son poste pendant la Coupe du monde 2010 et le nouveau sélectionneur a eu à cœur de lui trouver un remplaçant". Près de deux ans plus tard, le nouveau coach des Bleus a essayé pas moins de sept capitaines (Mexès, Nasri, Lloris, Diarra, Malouda, Mandanda et Abidal) sans pour autant trouver son leader.
"Il n’y a pas de Platini en équipe de France"
"Parfois, il y a un joueur qui se dégage", constate Guy Lacombe, ancien entraîneur de l’AS Monaco. "Parfois, ça peut être aussi un joueur qui a une certaine présence médiatique et qui est capable d’élever le groupe". Ou parfois… aucun joueur ne s’impose. C’est le cas de cette équipe de France. Si certains caractères se sont révélés dans le groupe (Franck Ribéry, Patrice Evra), aucun leader naturel n’est ressorti du collectif depuis deux ans. "Aujourd’hui, il n’y a pas d’Henri Michel ou de Michel Platini en équipe de France", poursuit Guy Lacombe.
Il y a encore quelques années, le problème ne se posait pas vraiment. Le joueur le plus capé (celui qui possède le plus de sélections, ndlr) portait le brassard. Aujourd’hui, les considérations ont changé. Le capitaine doit avoir un caractère fort et être performant sur le terrain. Pas de problème ces dernières années avec Zinédine Zidane, Marcel Desailly ou Didier Deschamps. Mais la tâche semble plus compliquée actuellement pour Laurent Blanc.
"De plus en plus dur de trouver des leaders"
Cette difficulté à trouver un capitaine, un leader, n'est pas l'apanage des sélections. "C’est un problème qui touche de nombreux clubs", note ainsi Eric Roy, ancien entraîneur et aujourd’hui manager de l’OGC Nice. "Il est de plus en plus difficile de trouver des leaders dans les équipes. Les joueurs sont de plus en plus formatés et se responsabilisent de moins en moins". Pour s’aider dans son choix, Eric Roy a trouvé une solution plutôt originale la saison passée. "J’avais remis un questionnaire à tous les joueurs en leur demandant lequel d’entre eux avait les meilleures qualités d’un capitaine". L’expérience a été une réussite puisque Didier Digard avait fait l’unanimité de ses partenaires et de son staff.
"En équipe de France, le groupe peut évoluer et ça devient un autre problème", soulève Eric Roy. "Il faut être bien sûr de son choix et ne pas être gêné par des blessures ou des méformes". "Laurent Blanc a d’ailleurs lui-même rencontré ce souci", renchérit Cherif Ghemmour. "Il avait fait d’Alou Diarra son capitaine de prédilection (il a porté le brassard à 7 reprises depuis août 2010, ndlr) mais sportivement, il ne tient plus la route. Il n’a donc pas pu le maintenir".
Un choix par défaut ?
Diarra n’étant donc plus titulaire indiscutable, ce "petit bout de tissu sur une manche retroussée" s’est transformé en véritable casse-tête pour le sélectionneur. "Philippe Mexès est titulaire au Milan AC, ce n’est pas négligeable", relève Cherif Ghemmour. Mais si Mexès semble donc tenir la corde pour le poste face à Lloris et Abidal, c’est "un choix un peu par défaut". Un choix "par défaut" mais important, puisque celui qui sera désigné mercredi conduira les Bleus en Ukraine et en Pologne.
Guy Lacombe sait bien, pour avoir déjà eu à faire ce choix dans plusieurs clubs, que la décision de Laurent Blanc fera de toute façon grincer les dents de certains joueurs. "Mais qu’importe", conclut-il, "maintenant il faut que toute l’équipe se rassemble derrière lui, c’est le plus important".