L'un des plus illustres Lions de la Téranga est mort lundi à l'âge de 53 ans. Jules Bocandé, ancien international sénégalais (73 sélections, 20 buts) a succombé après une opération chirurgicale, à Metz, où il s'était révélé en France au milieu des années 1980. Bocandé souffrait depuis plusieurs mois des suites d'un accident vasco-cérébral (AVC). "Je suis totalement atterré. C'est une perte énorme pour le football sénégalais", a déclaré à la presse le président de la Fédération sénégalaise de football, Augustin Senghor. A l'issue de sa carrière de joueur, qui s'est acehevée en 1993, Bocandé était devenu sélectionneur des Lions de la Téranga et faisait encore partie de l'encadrement de la sélection, en 2002, lors de la fameuse victoire du Sénégal face à la France (1-0).
Meilleur buteur du championnat en 1986
Jules Bocandé, c'est d'abord un style, mi-déguingandé, mi-tonique, et un vrai talent doublé d'un tempérament de guerrier. C'est ce tempérament qui lui fit péter les plombs un soir de finale de Coupe du Sénégal, en 1980, avec son équipe de Casa Sport face à l'ASC Jeanne d'Arc. Mécontent de l'arbitrage, il était allé donné un coup de pied à l'arbitre. Résultat : suspension à vie. La peine fut rapidement allégée puis Bocandé fut totalement grâcié. Mais son avenir était loin du Sénégal, en Europe, et plus précisément en Belgique.
Après avoir débuté en troisième division à Tournai, il explosa avec Seraing (D1). En 1984, il traversa la frontière pour rejoindre le FC Metz. En Lorraine, il ne tarda pas à marquer l'histoire du club en étant du fameux match au Camp Nou, au premier tour de la Coupe des Vainqueurs de Coupe, face à Barcelone (1-4). S'il ne marqua pas lors de cette nuit magique, il offrit le dernier but, celui de la qualification, à son compère de l'attaque, le Yougoslave Toni Kurbos.
Metz et Bocandé éliminent le Barça :
En deux saisons avec le FC Metz, Bocandé inscrivit 33 buts en 61 matches et termina même meilleur réalisateur du championnat de France, en 1986. "Jules était un garçon remarquable", se souvient Joël Muller, ancien entraîneur du FC Metz et président de l'Unecatef, le syndicat des joueurs. "Comme joueur, quand il est arrivé, il a permis au FC Metz de prendre une autre dimension au niveau de ses qualités mais aussi quand il enflammait le public et Saint-Symphorien. (...) Je pense qu'il avait gardé du FC Metz un souvenir inoubliable." Attaché au club, attaché à la ville, où il s'était installée, Bocandé avait même inscrit son fils, Daniel, au centre de formation du FCM.
Au PSG lors de la saison 1986-87
Transféré en 1986 au PSG, alors champion de France en titre, Bocandé connut moins de réussite au sein d'une équipe alors sous la patte de Safet Susic (6 buts seulement dans la capitale). Bocandé se relança alors à Nice, où il fit le bonheur du Stade du Ray par sa volonté et sa hargne devant le but. "J'ai joué pratiquement trois ans avec lui", confie l'actuel entraîneur du club, René Marsiglia. "C'était un joueur fantasque. Très généreux dans la vie et avec un côté farfelu. Il faisait ce que les joueurs de grand talent peuvent faire." Avec le Gym, Bocandé atteignit les demi-finales de la Coupe de France, en 1988, mais buta sur le FC Sochaux en match aller-retour (2-1, 0-2).
Bocandé inscrit un but lors du match aller :
Après quatre saisons sur la Côte d'Azur, il traversa l'Hexagone pour achever sa carrière française sous les couleurs sang et or du Racing club de Lens. Lors de cette saison 1991-92, Bocandé disputa sa troisième et dernière Coupe d'Afrique des nations, à domicile, à l'âge de 33 ans. Lors du dernier match de poules, il marqua le deuxième but sénégalais lors de la victoire face au Kenya (3-0)
Bocandé double la mise face au Kenya :
Qualifiés pour les quarts, les Lions de la Téranga cédèrent face à d'autres Lions, indomptables ceux-là, ceux du Cameroun d'un autre ancien Messin, Jacques Song'o. Ne pas avoir gagné la CAN restera l'un des regrets de Bocandé qui avait permis à son pays de retrouver la compétition après 18 ans d'absence, en 1986.
Même s'il n'a jamais remporté de titres, que ce soit avec sa sélection ou avec ses différents clubs en France, Jules Bocandé restera, à l'instar de on alter ego Roger Milla, comme l'un des plus grands joueurs africains à avoir évolué dans notre championnat.