En choisissant de s'appuyer sur l'état de forme du moment, le trio d'entraîneurs du XV de France a laissé certains cadres sur la touche pour la tournée d'automne. Aux absences attendues de Mathieu Bastareaud ou de Louis Picamoles, se sont ajoutées les non-convocations de Vincent Clerc, Julien Malzieu ou Clément Poitrenaud, moins brillants que leurs devanciers sur les bases arrières. Revue d'effectif à un an de la Coupe du monde. AVANTS Lorsque Marc Lièvremont a laissé entendre qu'il avait déjà en tête les trois-quarts des joueurs prêts à mettre un coup de tampon sur leur passeport pour la Nouvelle-Zélande, il pensait en priorité à son paquet d'avants. Un secteur de jeu qui lui pose clairement moins de problèmes que celui plus épineux des arrières. Manque de concurrence ou alors confiance aveugle en ses hommes forts ? Première ligne: Domingo (Clermont), Servat (Toulouse), Szarzewski (Stade Français), Guirado (Perpignan), Schuster (Perpignan), Mas (Perpignan), Ducalcon (Castres). Sont absents de la liste : Poux (Toulouse), Forestier (Castres), Marconnet (Biarritz), Barcella (Biarritz). En l'absence de Fabien Barcella, victime d'une rupture d'un tendon d'Achille et, a priori, seulement opérationnel en mars prochain, le staff tricolore a décidé de retenir pour la première fois le pilier gauche de Perpignan Jérôme Schuster (25 ans) et de rappeler le Castrais Luc Ducalcon. Des joueurs à "fort potentiel", au même titre que Yannick Forestier, dont la convocation ne s'est pas jouée à grand-chose, - "il y a eu photo finish avec Schuster", confirme Lièvremont. Les expérimentés Sylvain Marconnet et Jean-Baptiste Poux, 103 sélections à eux deux, restent des candidats sérieux à la Coupe du monde. La possibilité d'appeler trois talonneurs, compte-tenu de la citation de Dimitri Szarzewski et de son éventuelle suspension, a tourné à l'avantage de Guilhem Guirado, identifié comme le 31e homme de cette tournée. Deuxième ligne: Nallet (Racing-Métro 92), Pierre (Clermont), Papé (Stade Français), Millo-Chluski (Toulouse). Sont absents de la liste : Thion (Biarritz), Maestri (Toulouse). Même si Jérôme Thion pousse fort avec son club du Biarritz Olympique, et en attendant l'éclosion au plus haut niveau du Toulousain Yoann Maestri, les entraîneurs du XV de France ont renouvelé leur confiance au quatuor du dernier Tournoi des 6 Nations. En vertu du replacement de Sébastien Chabal au poste de numéro 8, Pascal Papé retrouve ainsi une place de cadre que sa non-participation à la H-Cup pouvait éventuellement remettre en cause. Écarté au dernier moment par Bernard Laporte pour la Coupe du Monde 2007, le Parisien, auteur d'un bon début de saison, met actuellement toutes les chances de son côté avec le Stade Français pour ne plus connaître la même désillusion. Troisième ligne: Dusautoir (Toulouse, cap.), Harinordoquy (Biarritz), Bonnaire (Clermont), Ouedraogo (Montpellier), Chabal (Racing-Métro), Lapandry (Clermont). Sont absents de la liste : Picamoles (Toulouse), Burban (Stade Français), Puricelli (Bayonne), Lauret (Biarritz). "La troisième-ligne est le secteur où notre potentiel est le plus fort, avec de grosses personnalités et des compétiteurs très expérimentés..." Pas de casse-tête ni de migraine dans ce secteur. Privé de la tournée d'été pour avoir renoncé à participer à une compétition de rugby à VII, Fulgence Ouedraogo effectue son retour alors que Sébastien Chabal descend d'un cran pour "redonner un peu de puissance à notre troisième ligne", dixit Lièvremont, pour qui l'impact player que représente le n°8 du Racing "offre plus de garanties en terme de puissance que Picamoles". Pour ce dernier, l'avenir en bleu se complique sérieusement même si le staff "espère toujours sur ses capacités". S'ils ne sont "pas très loin", comme le rappelle le staff, Julien Puricelli, Wenceslas Lauret et Antoine Burban sont aujourd'hui un cran en dessous des autres. ARRIERES "Les ailiers et arrières ont amené le plus de discussions. C'est difficile de voir des garçons jouer de façon récurrente avec le Top 14. On a donc choisi en fonction de la forme du moment." Il existe en fait deux profils différents chez les grands perdants de cette tournée d'automne : "ceux qui ne se donnent pas les moyens au quotidien d'être performants et des joueurs exemplaires par leur comportement, leur attitude, leur professionnalisme mais qui sont peut-être en panne d'efficacité en ce moment, notamment sur les ailes. Pour ces derniers, le sélectionneur tricolore a insisté sur le temps qui leur restait, trois mois, pour retrouver toutes leurs sensations avant le Tournoi des 6 Nations dont le groupe sera très proche de celui qui s'envolera pour le pays du long nuage blanc. Un message adressé plus particulièrement au Stade Toulousain, qui avec seulement Jauzion et Médard convoqués, peut s'estimer lésé... Demis: Parra (Clermont), Yachvili (Biarritz), Trinh-Duc (Montpellier), Traille (Biarritz). Sont absents de la liste : Dupuy (Stade Français), Tillous-Bordes (Castres), Skrela (Toulouse), Beauxis (Stade Français), Wisniewski (Racing), Michalak (Toulouse). Un nom, pas facile à prononcer, revenait pourtant sur toutes les lèvres avant que Marc Lièvremont pose sa main sur l'écran tactile géant pour y dévoiler sa liste : celui de Jonathan Wisniewski, le brillant ouvreur du Racing-Métro. Un coup d'épée dans l'eau. "On a longtemps hésité pour Wisniewski, un joueur au potentiel intéressant qui grandit bien, mais dont on n'est pas sûr de lui offrir beaucoup de temps de jeu. On a décidé d'installer François (Trinh-Duc) et Damien (Traille) au poste d'ouvreur. C'est pour cette raison qu'il attendra. On l'encourage à persévérer, à continuer comme ça son petit bout de chemin." David Skrela et Lionel Beauxis patienteront aussi au nom de la grande polyvalence de Damien Traille, sélectionné comme numéro 10 mais "doué sur tous les postes de la ligne de trois-quarts." Chez les demis de mêlée, le retour en grâce de Dimitri Yachvili, à qui Lièvremont a rendu hommage dans son allocution, a naturellement écarté Julien Dupuy, qui continue de payer au prix fort son coup de fourchette, et dans une moindre mesure Sébastien Tillous-Bordes, qui revient doucement avec Castres après une longue absence. Trois-quarts: Estebanez (Brive), Jauzion (Toulouse), Marty (Perpignan), Rougerie (Clermont), Andreu (Castres), Huget (Bayonne), Arias (Stade Français), Médard (Toulouse), Palisson (Brive), Porical (Perpignan). Sont absents de la liste : Bastareaud (Stade Français), Mermoz (Perpignan), Fall (Racing), Clerc (Toulouse), Malzieu (Clermont), Poitrenaud (Toulouse), Fritz (Toulouse). Premier visé par l'ultimatum dressé aux joueurs soupçonnés de ne pas en faire assez, Mathieu Bastareaud. Car s'il a habilement contourné la question des bannis faisant partie de cette catégorie, Marc Lièvremont n'a pas pris de pincettes pour clarifier la situation du trois-quart francilien : "Je serai malheureux qu'un garçon comme Mathieu Bastareaud ne fasse pas partie de l'aventure Coupe du monde tant il a un potentiel unique. Le problème de Mathieu, c'est que ça fait un an qu'on essaie de le sensibiliser sur la forme physique, sur l'investissement quotidien qui lui permettrait d'être plus performant. Il l'est, certes, dans notre Top 14, ponctuellement. A notre sens, il n'en fait encore pas assez pour être performant sur la durée". S'il n'a pas été cité, on peut néanmoins y ajouter le nom de Florian Fritz, dont le cas donne toujours autant de grain à moudre. En attendant la fin de convalescence de Maxime Mermoz et Benjamin Fall, deux talents sur qui le XV de France compte énormément, Fabrice Estebanez compte bien saisir une chance dont il avait été privée lors des deux dernières compétitions des Bleus. Enfin, les Toulousains Vincent Clerc et Clément Poitrenaud, et le Clermontois Julien Malzieu ont été sacrifiés sur le pilori de la dynamique du moment : "Vincent est un peu en retrait sur ses performances. Il a plus de mal à franchir depuis le début de la saison et peine à retrouver son état de forme. Pour Clément, on ne doute pas de son investissement au quotidien. Il ne fait pas de mauvais matches mais Julien Arias et Yoann Huget nous semble plus décisifs. Mais ce sont ces postes qui ont suscité le plus de discussions". En sera t-il autant en juin prochain ?