Après avoir fait parler la poudre, le 28 novembre dernier, en venant à bout de l'Ukrainien Vladimir Klitschko, invaincu depuis 2004, le boxeur britannique Tyson Fury s'est attiré les foudres de la police anglaise, qui a ouvert une enquête à son encontre pour des propos sur l'homosexualité. En cause, un discours que le nouveau champion du monde WBA et WBO des lourds a tenu dans les colonnes du journal Mail on Sunday, dans la foulée de son titre mondial : "Il n'y a que trois choses qui doivent être réunies pour la fin du monde ("before the Devil comes home", en VO). L'une d'entre elles est la légalisation de l'homosexualité dans certains pays, une autre est l'avortement et la dernière est la pédophilie. Qui aurait pensé dans les années 1950 ou au début des années 1960 que les deux premières choses seraient légalisées ? Quand je dis que la pédophilie pourrait être légalisée, ça semble dingue mais si vous remontez aux années 1950 ou 60, penser que les deux premières choses pourraient être légalisées semblait fou aussi."
Ces propos ont été relayés dans une émission de la BBC, mardi matin. Un auditeur a alors appelé la police, estimant que les dires du boxeur constituaient un "crime de haine". La police de Manchester s'est saisie du dossier et a ouvert une enquête. Elle a dit prendre l'affaire "très au sérieux" et elle devra notamment déterminer s'il y a matière à interroger Fury. Le boxeur a plaidé une mauvaise interprétation de ses propos, avant que le quotidien ne diffuse l'enregistrement audio et la transcription écrite de l'entretien.
Ecoutez le portrait de Tyson Fury par Marc Messier :
Des propos misogynes trois jours avant le combat. Agé de 27 ans, Tyson Fury, qui clame régulièrement son amour du "Sauveur Jésus Christ", avait récemment défrayé la chronique avec des propos sur les femmes. "La position d'une femme, c'est dans la cuisine et sur le dos, c'est mon avis personnel", avait-t-il ainsi lancé à la hussarde dans une vidéo mise en ligne le 25 novembre, devenue virale depuis son titre mondial. Le dossier Fury est épineux pour la BBC puisque celui qui se définit par ailleurs comme le "Roi des Gitans" est nommé au titre de sportif de l'année remis par la station. Près de 105.000 personnes ont signé une pétition en Angleterre demandant à la BBC de retirer Fury de la liste des prétendants à ce titre honorifique. La station publique s'est défendue en expliquant que cette récompense n'est en rien "une approbation des convictions personnelles" d'un sportif.
Destitué de son titre IBF. Menacé par la justice pour ses propos homophobes, Fury a également été sanctionné par l'International Boxing Federation (IBF), qui lui a retiré la ceinture remportée face à Klitschko, le 28 novembre pour un problème protocolaire, le nouveau champion ayant convenu du principe d'une revanche avec Klitschko, contre l'obligation faite par l'IBF. "Notre challenger était Vyacheslav Glazkov, mais Fury a décidé de passer outre et a signé une clause de revanche avec Vladimir Klitschko", a expliqué le président de l'IBF, Lindsey Tucker. Le 2 décembre dernier, l'Ukrainien, 39 ans, a demandé une revanche à son "bourreau". Les modalités de cette revanche (lieu et date notamment) doivent être encore négociées entre les deux parties.