La Guinée équatoriale s'apprête à accueillir l'Afrique du football à partir de samedi et le début de la CAN. Alors que la compétition était initialement prévue au Maroc, le pays d'Afrique centrale a décidé de remettre le couvert, trois ans après avoir co-organisé l'édition 2012 avec le Gabon. Le président Teodoro Obiang Nguema, arrivé au pouvoir en 1979 après un coup d'Etat, souhaite que l'ensemble des habitants de son pays soient associés à cette compétition et il a ainsi appelé les plus riches à offrir des places aux plus démunis.
"Nous devons donner un caractère solennel à cet événement de la CAN, il faut donc acheter les places pour remplir les stades", a-t-il estimé lundi soir à la télévision nationale, lors d'une rencontre avec les chefs de villages, autorités militaires et civiles de la région continentale du pays. "Que ceux qui ont les moyens aident les démunis ! Moi-même, j'achète 40.000 entrées, à raison de 10.000 par région (quatre sites abritent la CAN). Ce sont des billets à 500 FCFA (75 centimes) ce qui donne 20 millions de FCFA (30.000 euros)."
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Changement d'horaires pour les fonctionnaires. Pour attirer le public dans les stades (et faire aussi quelques rentrées d'argent pour l'organisation), le président n'a pas hésité à prendre des mesures symboliques. Les jours de match, le chef de l'Etat a ainsi réduit de deux heures la journée de travail des fonctionnaires de l'administration publique dans les régions où se déroulent les rencontres (8h-14h au lieu de 8h-16h). Par ailleurs, le Gabon a prêté 20 bus, qui doivent servir à véhiculer les 16 équipes participant à la compétition. "C'est notre contribution pour soutenir la Guinée équatoriale. On dit chez nous que, quand il y a fête chez le voisin, c'est tout le village qui est en fête", a affirmé le ministre des Sports gabonais Blaise Louembe pour justifier ce prêt gratuit.
Polémique autour du choix de la Guinée équatoriale. Le fait de confier l'organisation de cette CAN à la Guinée équatoriale fait polémique. Le régime de Teodoro Obiang Nguema, réélu en 2009 avec plus de 95% des voix, est régulièrement dénoncé par les organisations de défense des droits de l'Homme pour sa violente répression à l'encontre des opposants politiques, des organisations indépendantes de la société civile et des médias, ainsi que pour l'ampleur de la corruption dans le pays. Interrogé sur cette question, le sélectionneur du Congo (adversaire de la Guinée samedi, ndlr), Claude Le Roy, a préféré retenir que le pays avait "sauvé la Coupe d'Afrique". "Quant à tous les donneurs de leçon sur les régimes africains comme "BHL" (l'intellectuel Bernard-Henri Lévy, ndlr)...", a-t-il poursuivi. "On a vu ce qui s'est passé en Libye. Il faut laisser les pays s'organiser eux-mêmes, les Africains n'ont besoin de personne, les puissances européennes doivent laisser la main. Le Burkina est un exemple remarquable, pour le moment, il n'y a pas eu trop de casse, il ne fallait pas tout détruire, le pays s'est remis à avancer. Et puis quelque part, merci, nous sommes en démocratie, on peut juger de tout, mais moi, mon job n'est pas de juger le président de la Guinée équatoriale mais de maximiser le talent d'une équipe. J'aime ce continent, mais je suis là pour le foot."