La rencontre entre Caen et Nîmes, conclue en fin de saison dernière par un match nul (1-1) qui arrangeait tout le monde - Caen faisait un pas décisif vers la Ligue 1 et Nîmes vers son maintien en Ligue 2 -, aurait bien fait l'objet d'une "entente" selon un rapport rendu à la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP), cité jeudi par le quotidien L'Equipe. Les instructeurs missionnés par la LFP ont interrogé 80 personnes (dirigeants et joueurs) concernés par cette rencontre (41 côté caennais, 39 côté nîmois), selon L'Equipe.
Ils se sont appuyés également sur l'expertise vidéo et statistique d'une entreprise spécialisée, qui avait déjà analysé le match de handball présumé arrangé entre Cesson et Montpellier, le 12 mai 2012. "L'ensemble des éléments scientifiques (...) montre une carence volontaire significative du niveau de jeu des équipes du Stade Malherbe Caen et du Nîmes Olympique", écrivent ces experts, cités par le quotidien sportif. "Nos conclusions vont clairement dans le sens d'une entente avant le début du match entre ces deux équipes (...) Ce type d'entente ne peut être le résultat de seuls faits de jeux mais résulte bien d'une concertation préalable d'avant match autour d'un scénario construit."
Bouteilles de vin dans le vestiaire. En novembre dernier, l'hebdomadaire Le Canard Enchaîné avait révélé une conversation téléphonique entre les deux présidents, Jean-Marc Conrad (Nîmes) et Jean-François Fortin (Caen). Conrad aurait lâché à son homologue : "dis-toi bien que le nouveau président de Nîmes, il n’est pas trop con. Il s’est même bonifié et a amené un cadeau pour tout le monde." Le Canard avait révélé la livraison, à l'issue de la rencontre, de plusieurs cartons de bouteilles de vin bon marché au vestiaire caennais.
Ce rapport de 50 pages doit servir à la commission lors de l'examen, les 16 et 17 mars prochains, du dossier sur lequel enquête également la justice. Dans cette affaire, les experts plaident plutôt la clémence pour les deux clubs concernés, dont les objectifs étaient presque atteints au moment de la rencontre. Ceux qui risquent le plus gros sont les dirigeants et acteurs de l'époque. Fin novembre, six personnes, dont Jean-Marc Conrad, alors président du club de Nîmes (il a démissionné depuis), Serge Kasparian, son principal actionnaire, ainsi que Jean-François Fortin, président du Stade Malherbe de Caen, ont été mises en examen pour corruption. Le rapport remis à la LFP s'intéresse également à six autres matches du Nîmes olympique en fin de saison dernière (CA Bastia, Istres, Dijon, Brest, Laval et Créteil).
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