Ce n'est pas un moteur électrique qu'utilise Fabian Cancellara, mais un nouveau système de roulements mis au point par un ingénieur italien. Un journaliste de La Dernière Heure a rencontré un mécanicien très au fait de ce procédé révolutionnaire que peu de coureurs connaissent dans le peloton. Sauf Andy Schleck qui l'aurait utilisé lors du Tour de France. Le vélo de Fabian Cancellara est toujours au centre de l'attention. Après avoir été soupçonné d'utiliser un moteur électrique la saison dernière sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, rumeur qui a déclenché fantasmes et doutes au sein du peloton, le coureur suisse aurait finalement recours à un système de roulements breveté appelé Gold Race et mis au point par un ingénieur italien. C'est ce que révèle un journaliste du quotidien belge La Dernière Heure, qui a rencontré Martino Migani, un mécanicien disposant dans son atelier de ce procédé de haute technologie, et son fils Denis, ami de Cancellara. En quoi consiste ce nouveau système ? "Une très légère impulsion au niveau de la manivelle du pédalier suffit à faire tourner celui-ci pendant plus d'une minute sans discontinuer, détaille le journaliste qui a assisté à une démonstration du procédé, et le principe s'appuie sur un roulement disposant de billes composées partiellement de graphite mais surtout d'une huile très complexe, découlant d'un mélange de deux substances à la composition classée secret défense." Denis Migani explique: "Des tests ont été réalisés en laboratoire. Selon ceux-ci, les frictions sont diminuées de plus de 95% et le gain au kilomètre atteindrait jusqu'à 2,5 secondes." Et ce n'est pas tout: "Des essais réalisés sur piste par des juniors montrent que la fluidité de ces roulements retardait également, pour la même distance couverte dans le même temps, l'accumulation de l'acide lactique de 27%. Ce mécanisme permet enfin d'utiliser des braquets plus importants du fait de l'aide que ce mécanisme apporte." "Andy Schleck en était équipé lors des étapes de montagne du dernier Tour de France" Le mécanicien apporte surtout une précision de taille: "Fabian n'a jamais triché puisque ce mécanisme est autorisé par le règlement UCI. Tout juste dispose-t-il d'un matériel de pointe." Pourquoi apprend-on seulement maintenant son existence ? Et pourquoi ce système ne fait pas déjà l'unanimité dans le peloton ? "Parce que beaucoup de coureurs ne s'intéressent pas aux innovations de leur sport et ne connaissent pas ce système, répond Denis Migani. Je sais toutefois qu'Andy Schleck en était équipé lors des étapes de montagne du dernier Tour de France." Giovanni Cecchini, l'ingénieur italien qui a conçu ce pédalier magique, collabore en effet avec Cancellara depuis 2007 et l'accompagne sur toutes les grandes courses du calendrier pour préparer son vélo. "Giovanni Cecchini a décidé d'initier le mécanicien personnel de Fabian à ses techniques, il était donc indispensable que celui-ci le suive dans sa nouvelle équipe, précise Migani à propos de Leopard-Trek, la nouvelle formation du Suisse, à laquelle appartient également Andy Schleck. Giovanni Cecchini a travaillé sur ce système durant presque toute sa carrière. Après qu'il a également collaboré pour la Fédération suisse de ski, Fabian Cancellara a eu vent de son travail et a souhaité le rencontrer. Le dernier vainqueur de Paris-Roubaix a toujours été très intéressé par les dernières innovations en matière de technologie et de matériel." Rencontre déterminante puisque le champion du monde du contre-la-montre a décidé de s'adjoindre les services de l'ingénieur, "à condition d'être le seul coureur du peloton à disposer de ce nouveau système au départ", précise le journaliste de La Dernière Heure. Nygaard nie toute utilisation chez Leopard-Trek Contacté par Cyclingnews, Bryan Nygaard, le manager de la formation Leopard-Trek, a assuré qu'aucun membre de l'équipe n'avait recours à ce nouveau système, tout en reconnaissant que Cancellara l'a peut-être utilisé au cours de ses années chez Saxo Bank. "Je pense qu'il y a une petite confusion. Cancellara a pu en effet s'attacher les services de ce spécialiste jusqu'à la fin de l'année 2010 avec la Saxo Bank. Mais je peux vous garantir à 100% que nous ne travaillons pas avec ces gens-là chez Leopard", a-t-il déclaré. Pas très convaincant quand on sait que la moitié de la Saxo Bank a rejoint sa nouvelle équipe à l'intersaison, avec de nombreux membres du staff dans les bagages. En apprenant une telle pratique et au vu de son efficacité démontrée par le mécanicien, d'autres coureurs du peloton devraient sans doute s'en équiper rapidement. Surtout si l'UCI considère ce pédalier comme du matériel autorisé. Mais ça pose aussi la question de l'équité technologique. En plein débat sur l'utilisation des oreillettes, l'instance internationale semble dépassée par les innovations qui touchent son sport. A défaut d'un positionnement clair sur ce point, c'est le flou total. Et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle...