Appelé quelques jours avant la rencontre pour pallier le forfait de Richard Gasquet, Jérémy Chardy a qualifié la France pour les quarts de finale de la Coupe Davis. Avec deux victoires en deux matches, le Palois a rempli son contrat au cours d'un week-end autrichien qui pourrait servir de déclic pour le reste de sa saison. Mais il doit déjà tourner la page et retrouver le quotidien du circuit. C'est la belle histoire du week-end. En remportant deux simples, dont le dernier, décisif pour la victoire, Jérémy Chardy a apporté la qualification à la France pour les quarts de finale de la Coupe Davis. Héros de ce premier tour en Autriche, le Palois ne faisait pourtant pas partie des premiers choix de Guy Forget. Et pour cause, il n'avait pas gagné un match sur le circuit depuis le début de la saison. Pire, il n'avait même pas gagné un set. "Dans un bon jour, il est capable de battre n'importe qui, estime le capitaine tricolore. Quand je l'ai dit, il y a quelques jours, les gens me regardaient avec un petit sourire narquois." Son pari a donc fonctionné, au-delà des espérances. L'avalanche de forfaits, liés aux blessures de Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet, a placé Chardy dans une situation à double-tranchant: soit il saisissait sa chance et terminait le week-end la tête haute, soit il sombrait encore un peu plus en cas de désillusion. Le constat est là, le Palois a rempli son contrat et sans doute bien plus que cela. "Même moi, je ne m'attendais pas à venir ici, concède-t-il. C'est une bonne nouvelle pour moi et pour l'équipe. Contre Melzer, j'ai vraiment fait un super match. J'espère que les deux matches que j'ai gagnés ce week-end vont m'aider pour la suite de la saison." Une victoire contre un membre du Top 10 et une autre dans un match décisif devraient le libérer et rétablir la confiance qui s'était envolée depuis plusieurs mois. "Ça fait du bien de gagner des matches. Encore une fois, contre Melzer, j'ai vraiment très bien joué, insiste le Français. Mais l'essentiel, c'est de reprendre de la confiance, de remporter quelques victoires. Après, j'espère que je vais enchaîner." Forget, lui, l'encourage à surfer sur cette nouvelle dynamique: "Quand on l'a vu mettre trois sets à zéro à Melzer, on s'est rendu compte de l'étendue de son talent. Il y a des aspects de son jeu sur lesquels il est encore très perfectible. Je suis sûr qu'avec son nouvel entraîneur (Patrick Mouratoglou, ndlr), il va mettre l'accent là-dessus. Il a trop de potentiel pour n'être que cinquantième mondial et gagner aussi peu de matches que lors de ces derniers mois." Forget: "On lui doit une fière chandelle" La Coupe Davis a souvent le don de transcender les joueurs. "Quand on est tout petit, le rêve, c'est de jouer un jour en Coupe Davis. Alors qualifier la France, c'est vraiment un truc incroyable. Un grand moment dans ma carrière, reconnait le Palois. La Coupe Davis, c'est quelque chose que j'ai toujours adoré. Ce sont de très, très bonnes victoires. Pour moi mentalement. Et pour le coeur, ça fait du bien." Mais le plus dur commence peut-être pour Chardy, qui réintègre le top 50 au classement ATP cette semaine. Retrouver la routine du circuit peut donc s'avérer plus compliquée que prévu. La transition aussi, entre la terre battue de Vienne et le dur d'Indian Wells, premier Masters 1000 de la saison qui débute jeudi en Californie. Si Guy Forget reconnait que l'équipe de France "lui doit une fière chandelle", le capitaine français considère que d'autres joueurs sont mieux placés pour poursuivre la campagne 2011: "Il y a des garçons comme Jo-Wilfried Tsonga, Gilles Simon, Richard Gasquet, Michaël Llodra ou Julien Benneteau. Les places vont se gagner maintenant dans les tournois qui viennent. Je souhaite que Jérémy continue de jouer comme il l'a fait contre Melzer, et avec le même état d'esprit et le même courage qu'il a eu face à Fischer. Mais les places sont chères. On va tous le booster au maximum. J'ai hâte de le retrouver sur le court." Le quart de finale en Allemagne, en juillet prochain, est encore loin. Mais Chardy revient de tellement loin.