Il n'avait même pas attendu que le PSG soit désigné comme son adversaire pour commencer à charrier le club de la capitale. "Je pense que le PSG serait un bon tirage", avait déclaré José Mourinho, entraîneur de Chelsea, à la veille du tirage au sort des huitièmes de finale de la Ligue des champions, en décembre dernier. Il avait justifié ça par le court déplacement que cela signifierait pour ses supporters mais personne n'était dupe. "Mou" avait voulu capitaliser dur sur la qualification arrachée l'an dernier en quarts de finale, face au PSG (1-3, 2-0). Mardi, vingt-quatre heures avant le match retour, il avait stigmatisé "l’agressivité" parisienne lors du match aller, moyen à peine détourné de mettre la pression sur l'arbitre de la rencontre, le Néerlandais Björn Kuipers. Mercredi soir, cette morgue s'est retournée contre lui. Le PSG, réduit à dix dès la 31e minute, s'est qualifié (1-1, 2-2) face à une équipe de Chelsea qui a pourtant bénéficié d'un arbitrage plutôt favorable.
"Je n'ai rien volé, je ne vais pas aller en prison." "Ils ont mérité de gagner.Quand une équipe encaisse deux buts sur corner (en l'occurrence, Chelsea, ndlr), qu'elle ne gère pas la pression à domicile avec un joueur de plus, elle ne mérite pas de gagner", a reconnu un Mourinho un peu penaud, en conférence de presse. Interrogé pour savoir s'il ressentait une forme d'humiliation d'avoir été ainsi dominé par une équipe en infériorité numérique, le "Special One" s'est contenté de répondre : "je n'ai rien volé, je ne vais pas aller en prison. J'ai fait de mon mieux, j'ai juste perdu un match (subi une élimination, ndlr). Il n'y a pas de mot pour décrire ce que je ressens. C'est frustrant et je voudrais rejouer dès demain (jeudi) car dimanche c'est loin. J'ai hâte de rejouer pour voir si mes joueurs sont prêts."
Une attitude "déplorable". La presse anglaise, elle, n'a pas attendu. Elle a tiré à boulets rouges sur Mourinho, considéré comme le principal responsable de l'élimination de son équipe. "Même en supériorité numérique, Chelsea a été inférieur dans tous les compartiments du jeu pendant presque toute la partie", constate le Times. Mais la presse insiste davantage sur l'esprit détestable dans lequel s'est déroulé le match, particulièrement "sale" selon The Independent qui "critique les hommes de Mourinho pour avoir influencé l'arbitre". L'exclusion de la 31e minute de Zlatan Ibrahimovic cristallise une grande partie des critiques.
"Toujours respectées mais jamais aimées." "NEUF joueurs de Chelsea harcèlent l'arbitre pour faire en sorte que Zlatan voie rouge", dénonce The Daily Mail, évoquant une attitude "déplorable". Jamie Carragher, ancien défenseur de Liverpool devenu consultant pour Skysport, pointe lui aussi un comportement "honteux" qu'il impute en grande partie à Mourinho. "Ce n'est pas la première fois que ça arrive avec une équipe de Mourinho. C'est pourquoi je pense que ses équipes seront toujours respectées mais jamais vraiment aimées."
Après les éliminations successives du Real Madrid puis celle de l'an dernier face à l'Atlético Madrid, le statut de faiseur de miracles de Mourinho commence d'ailleurs à s'effriter. "Mourinho a toujours eu la capacité à façonner les événements pour qu'ils aillent dans son sens. Mais il commence aussi à ressembler de plus en plus à un maître des déceptions", écrit ainsi Tony Cascarino, ancien joueur de Chelsea et de Marseille, dans sa chronique pour le Times. "Chelsea a eu exactement ce qu'il méritait, c'est-à-dire rien", tranche le célèbre tabloïd The Sun.
Le titre de champion à aller chercher. Même si Chelsea a remporté le 1er mars dernier la Coupe de la Ligue aux dépens de Tottenham (2-0) et qu'il pointe en tête de la Premier League avec cinq longueurs d'avance sur Manchester City, les esprits taquins n'oublient pas de rappeler que les Blues ont également été éliminés de la Coupe d'Angleterre en janvier par le club de troisième division de Bradford City (4-2), alors qu'ils menaient 2-0. "Au moins, Bradford était à 11", s'amuse un site satirique britannique, dans un parallèle avec le match de mercredi soir.
At least Bradford had 11 players. pic.twitter.com/rcyxNBjvQp— Dream Team (@dreamteamfc) March 11, 2015
"Ce n'est pas le moment de rire ou de pleurer mais d'analyser ce qui s'est passé", a insisté Mourinho. "Il faut aussi réagir car on a toujours la Premier League à gagner. On est en bonne situation. On a perdu une compétition mais il reste des étapes devant nous. Si on gagne le championnat en plus de la Coupe de la Ligue, la saison sera quand même fantastique." Peut-être, mais le rayonnement du "Special One" en a assurément pris un coup, mercredi soir. Et pas seulement parce que Chelsea ne s'est pas qualifié.
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