Après la période des classiques du printemps, celle des grands Tours s'est ouvert vendredi avec le début du Giro. Il a débuté par un contre-la-montre individuel de 9,8 kilomètres dans les rues d'Apeldoorn, aux… Pays-Bas. Petite présentation en cinq points du premier grand Tour de l'année.
Un (long) passage aux Pays-Bas. Les Pays-Bas n'en finissent plus de célébrer la bicyclette. Après avoir accueilli le départ du Tour de France, l'an dernier, à Utrecht, c'est cette fois le Tour d'Italie qui s'invite au pays des tulipes, pour un grand départ prévu cette fois un peu plus à l'est du pays, à Appeldoorn, qui accueille le contre-la-montre d'ouverture. Deux autres étapes, plates mais piégeuses, sont au programme du week-end, Arnhem-Nimègue samedi et Nimègue-Arnhem dimanche. Lundi, ce sera le transfert vers l'Italie, 2.000 kilomètres à avaler, heureusement pas en vélo, mais en train pour la plupart de la caravane et en avion pour les coureurs.
Malgré les réticences de l'Union cycliste internationale (UCI), cette tendance à la délocalisation des départs des grands Tours, intéressante d'un point de vue financier et médiatique, devrait se poursuivre dans les années à venir. Les organisateurs du Giro ont ainsi l'ambition de débuter l'édition 2018 au… Japon.
After such a long wait and kilometers of training it's time to race.
— Giro d'Italia (@giroditalia) May 6, 2016
The truth is coming out now. #giropic.twitter.com/nsNgbS33ak
Trois chronos, six arrivées au sommet. Trois contre-la-montre individuels sont au programme de ce Giro. Si le premier, disputé aux Pays-Bas, ne devrait pas faire d'énormes différences, les deux autres seront sans aucun doute décisifs : le premier par sa longueur, dans les vignobles du Chianti (9ème étape), le deuxième par sa difficulté, sur les pentes de l'Alpe di Siusi (15ème étape). Ce ne sera pas là le seul passage montagneux puisque pas moins de six arrivées au sommet sont prévues, dont une, bien corsée, à deux jours de l'arrivée, à Risoul, lors de la 19ème étape. La 14ème étape, qui passe par quatre cols des Dolomites, s'annonce particulièrement excitante aussi, tout comme le passage par une partie en terre, dans l'Alpe di Poti, plus tôt dans l'épreuve (8ème étape).
Contador absent, Nibali de retour. Le vainqueur sortant du Giro ne sera pas au départ cette année. Pour ce qui pourrait être sa dernière saison, l'Espagnol Alberto Contador (Tinkoff), 33 ans, a ciblé le Tour de France et la course en ligne des Jeux olympiques de Rio. En revanche, après deux années d'absence, Vincenzo Nibali, vainqueur en 2013, a lui décidé d'effectuer son retour cette année. À 31 ans, le "requin de Messine", exclu assez piteusement du Tour d'Espagne 2015 pour s'être accroché à une voiture, est le favori logique de cette édition 2016 du Giro. "Je reviens avec beaucoup d'émotion, c'est certain. Je sais que mes supporteurs ont hâte de me revoir sur cette épreuve et je promets de tout donner pour ne pas les décevoir", assure celui qui a également remporté le Tour de France 2014. "Mais je suis sans certitudes et mes rivaux sont nombreux."
Mikel Landa outsider n°1. Après Bradley Wiggins et Christopher Froome, tous les deux vainqueurs du Tour de France (en 2012 pour le premier, en 2013 et 2015 pour le second), Mikel Landa sera-t-il le troisième coureur à offrir un grand Tour à l'équipe britannique Sky ? Le jeune grimpeur espagnol de 26 ans en a le talent et le coffre. L'an dernier, il avait terminé 3ème du Giro et, cette saison, il a remporté le Tour du Trentin, traditionnelle course de préparation. Il connaît parfaitement Nibali, pour avoir été membre de l'équipe Astana lors des deux dernières saisons. Le champion d'Italie en titre fait d'ailleurs du Basque son "principal concurrent".
"Les trois contre-la-montre ne lui sont pas favorables. Le chrono n'est pas son point fort. Par contre, dans la montagne, il sera un danger permanent", note Nibali, qui conclut : "J'ai pour moi mon expérience des grands Tours. Et il faudra voir comment il va gérer son passage du statut d'équipier à celui de leader". En dehors de Landa, Nibali devra également surveiller un autre Espagnol, l'inusable Alejandro Valverde (Movistar), 36 ans.
Première pour Péraud, Geniez en habitué. Il va sans doute falloir attendre encore un an de plus avant d'avoir un successeur à Laurent Fignon, dernier vainqueur français du Tour d'Italie, en 1989. En effet, aucun des grands espoirs français n'est au départ, ni Thibaut Pinot (FDJ) ni Romain Bardet (AG2R-La Mondiale), qui préfèrent, comme d'autres (le Colombien Nairo Quintana, vainqueur du Giro en 2014, par exemple), se préserver pour le Tour de France (2 au 24 juillet). On surveillera avec curiosité le parcours de Jean-Christophe Péraud (AG2R-La Mondiale), 2ème du Tour 2014, et qui participera, à 39 ans, à son premier Giro. "C'est le seul grand Tour que je n'ai pas couru et je ne voulais pas terminer ma carrière sans l'avoir fait", a insisté "Jicé".
Alexandre Geniez (FDJ), qui reste sur deux belles places d'honneur sur le Giro (13ème en 2014 et 9ème en 2015), cherchera à batailler avec les meilleurs. Son coéquipier à la FDJ, le sprinteur Arnaud Démare doit lui espérer que l'air de l'Italie lui réussira aussi bien qu'en mars dernier, quand il avait remporté Milan San-Remo…