Cissé, un Rome tatoué

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Olivier CORTINOVIS , modifié à

Accueilli par la Lazio comme une rockstar cet été, Djibril Cissé disputera dimanche son premier derby romain, à l'occasion de la septième journée de Serie A. Un vrai baptême du feu pour l'attaquant français qui s'est longtemps brûlé les ailes à force de graves blessures et de choix sportifs contestables. Mais son tempérament de guerrier et ses qualités de buteur lui valent aujourd'hui une petite renommée dans la Cité éternelle.

Accueilli par la Lazio comme une rockstar cet été, Djibril Cissé disputera dimanche son premier derby romain, à l'occasion de la septième journée de Serie A. Un vrai baptême du feu pour l'attaquant français qui s'est longtemps brûlé les ailes à force de graves blessures et de choix sportifs contestables. Mais son tempérament de guerrier et ses qualités de buteur lui valent aujourd'hui une petite renommée dans la Cité éternelle. Avec un loustic aussi imprévisible et atypique que Djibril Cissé, il faut toujours redoubler de vigilance. Ses deux double fractures tibia-péroné, une à chaque jambe pour ne pas faire de jalouse, son goût pour les fringues douteuses et le tunning, ainsi que ses colères froides face à la presse hellénique n'ont pourtant pas empêché la Lazio d'en faire l'ambassadeur de son recrutement estival. Il faut dire que l'ex-buteur du Panathinaïkos (55 buts en 89 rencontres) s'était déjà mis les tifosi biancocelesti dans la poche de son sarouel, en éliminant, à lui tout seul, l'AS Roma en seizièmes de finale de la Ligue Europa, en février dernier. Mais, il a néanmoins fallu passer des tests assez poussés pour convaincre que sa carapace bling-bling n'allait pas durcir l'image d'un club qui se veut discret depuis les frasques de Paulo Di Canio. Et des examens autrement plus cotons que celui d'expliquer, dans la langue de Berlusconi per favore, aux douaniers pourquoi il sonne à chaque portique de sécurité d'aéroport. Même en enlevant ses chaussures cloutées et son collier de gangsta-rap. Premier essai tenté par Claudio Lotito et ses dirigeants: le laisser livré à lui-même à sa descente dans l'arène de Fiumicino, face à trois cent aficionados déchainés. Un premier bain populaire réussi avec mention par le gladiateur gréco-romain, pas né à Arles (temple de la tauromachie) pour rien, dont la carrure et le tempérament de guerrier lui ont immédiatement valu les hourra de la foule et le doux sobriquet de "Lion Noir". Pour des ultras, qui dans un passé pas si lointain, accueillaient tout joueur de couleur avec des cris de singe, c'était déjà un premier signe d'affranchissement. Mais pour rester dans l'analogie animalière, lion et aigle font-ils bon ménage ? La réponse se trouve en une du magazine LazioStyle pour lequel Cissé et le rapace Olympia, mascotte officielle et respectée de la maison laziale, partagent fièrement la vedette. Un oiseau de bon augure, diront certains. Restait donc à peaufiner cette adoption express sur les pelouses transalpines. Et là encore, le double meilleur buteur du championnat de France (2002 et 2004) n'a pas donné dans la demi-mesure. Pas vraiment son genre, de toute façon... En tandem avec Klose En cinq matches de préparation, le Lion Noir avait planté autant de banderilles dans l'échine des portiers adverses, dont deux face à ceux de Villarreal et de la Real Sociedad, avant de réussir pleinement son baptême du feu en Serie A, avec le second but romain de la tête contre l'AC Milan (2-2) et la meilleure note du match. De quoi valider la thèse d'Abraham Lincoln qui clamait que le meilleur moyen de "tester la capacité de quelqu'un était de lui donner le pouvoir". Car, en associant systématiquement l'international français à Miroslav Klose à la pointe de l'attaque, le contesté entraîneur Edoardo Reja, dont les détracteurs reprochent un flagrant manque de fantaisie, a laissé son égo de côté pour écouter les velléités offensives du président Lotito. Bien lui en fut puisque, malgré quelques couacs, sa doublette d'expérience (289 buts à eux deux en championnat) s'est transformée en association de malfaiteurs au pays des renards de surface. "Klose et Cissé sont deux joueurs très forts et complémentaires, se félicite le technicien de la Lazio. Avec eux, nous pouvons aller très loin." La réciproque est également vraie pour "Djib" qui, deux mois seulement après avoir pris le chemin menant à Rome, a été rappelé en équipe de France. Un juste retour des choses pour celui qui fut acclamé par l'enceinte de Saint-Denis, à son entrée en jeu face à l'Albanie (3-0), et qui a clairement choisi la découverte d'un quatrième championnat et d'un sixième club pour retrouver un maillot bleu, versatile avec sa personne mais dont il ne cesse de louer les vertus. Et pourtant, ce pari risqué était loin d'être gagné par avance: "C'est vrai que j'ai toujours dit que je ne viendrai jamais en Italie. Je pensais que la Serie A n'était pas faite pour moi. Mais il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis". S'il a tourné le dos à ses premières impressions sur le Calcio, le numéro 99 de la Lazio n'a pas arraché les pages de son répertoire d'attaquant de profondeur. Il frappe toujours autant au but, le plus souvent de la droite du terrain, là où ses qualités de vitesse lui ont permis de trouver des décalages. Décalage, il en existe également entre le fashionnista en herbe et les résidents de la Cité éternelle, quand il déambule dans les rues avec son look de rockstar étudié. Un vrai choc des cultures que les tifosi lui pardonneront s'il marque de la même empreinte le derby romain, dimanche soir. Car les Biancocelesti comptent bien sur ce fou de mode pour renverser la tendance qui veut que la Roma remporte toutes ses confrontations depuis le 11 avril 2009. Et le lui ont d'ailleurs vite fait comprendre. "Dès mon arrivée, les supporters m'en ont parlé. Je suis conditionné. C'est le match à ne pas perdre. Ce rendez-vous est encore plus important parce que la Lazio n'a pas gagné depuis quatre matches en championnat. Mais j'aime bien casser ces séries." Pour un colosse aux jambes d'argile, qui en connaît un rayon en terme de fêlure, c'est certainement un gage de bonne foi.