Avec Evra, c’est toujours le même paradoxe. Incompris, voire détesté en France, il brille à l’étranger. Transféré l’été dernier de Manchester United à la Juventus Turin, l’ancien capitaine des Bleus s’est lancé un sacré défi. Et après quelques mois d’adaptation, le défenseur tricolore est en train de réussir son pari. Valentin Pauluzzi, fondateur de Calciomio.fr et actuel correspondant du Parisien en Italie, nous raconte comment Patrice Evra a conquis la Vieille Dame, à quelques heures du quart de finale de Ligue des champions contre Monaco.
Son arrivée en Italie l’été dernier était-elle très attendue par les tifosi ?
Non, il est arrivé dans un relatif anonymat. A son poste, le Ghanéen Asamoah faisait du très bon boulot et la Juventus n’avait pas vraiment besoin de renfort. C’était plus une recrue de luxe pour apporter un peu d’expérience, notamment en Ligue des champions. Il n’y avait donc pas d’attente particulière pour un défenseur de 33 ans. Les tifosi lui ont donc laissé le bénéfice du doute.
Au moment du transfert les medias italiens ont-ils évoqué son passé un peu douloureux et l’épisode de Knysna (lors du Mondial 2010 en Afrique du Sud, Patrice Evra est capitaine des Bleus qui ont fait la grève de l’entraînement, ndlr) ?
Étonnamment pas du tout, ou très très peu. J’ai l’impression que les polémiques se sont arrêtées à la frontière. Bien évidemment, les fans de foot se souviennent de la Coupe du monde en Afrique du Sud et du fiasco des Bleus. Mais l’affaire n’a pas fait plus de remous et quand il est arrivé, on ne lui en a pas du tout parlé.
Quelle est l'image de Patrice Evra en Italie ?
Les tifosi voient en lui un joueur très expérimenté, qui a été longtemps capitaine à Manchester United. Et puis, c’est un joueur qui est passé par l’Italie il y a très longtemps (il a commencé sa carrière à Marsala, en Sicile, avant de jouer deux ans à Monza, en Serie B, ndlr). Les médias ont préféré retenir la belle histoire de ce footballeur qui revenait dans le pays qui l’avait lancé. Après, Patrice Evra s’est très bien intégré. Il est devenu l’un des leaders du vestiaire. Enfin, il jouit aussi d’une très bonne image car il parle parfaitement l’italien (regardez ci-dessous sa première conférence de presse en Italie).
Après moins d’un an, l’Italie l’a-t-elle déjà adopté ?
Oui, il est parfaitement dans le moule de la Juve désormais. Il est resté très discret vis-à-vis des médias à son arrivée. Mais pour mieux se rendre compte de son intégration, il suffit de parcourir les forums de supporters. Evra est considéré comme un joueur "réfléchi", "expérimenté", "qui se bat pour son club", avec une "mentalité géniale". Le contraste avec l’image qu’il a en France est tout simplement hallucinant.
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