Franck Ribéry ne pouvait y échapper. Après l’annonce de son retour en équipe de France et la salve de critiques qui l’ont accompagné, après un premier échauffement au Luxembourg, le Stade de France était pour lui un passage obligé mardi soir contre la Croatie. La France du foot attendait ce moment avec impatience. Entre sifflets et encouragements, Europe1.fr jauge son retour à l’applaudimètre du Stade de France.
Le moment le plus attendu
"Le match a bien débuté", raconte Antoine Lannuzel, un supporter présent mardi soir dans les travées du stade. "Il y avait même plus d’ambiance que pour le match contre le Brésil. Les Croates y ont pas mal contribué, il faut dire". Un enthousiasme que ne partage pas vraiment Pierre Morinet, autre supporter des Bleus présent à Saint-Denis mardi soir : "le public est toujours un peu mou dans ce stade".
Première bronca à Saint-Denis après 45 minutes de jeu. Pas pour Franck Ribéry, encore sur le banc mais pour le onze tricolore bien mollasson. A la pause, l'attaquant s’échauffe avec Yoann Gourcuff. "Il n’ont pas été sifflés à ce moment-là", relate Antoine. Et pour cause, "Martin Solveig tournait son clip sur la pelouse. Son show a éclipsé l’entraînement des deux joueurs".
Dès le début de la seconde période, "Ch’ti Franck" accélère son échauffement. "J’étais assez proche de la pelouse", raconte Pierre. "Certains spectateurs l’ont même insulté. Et puis, il y a toujours les éternels fans. J’ai même entendu plusieurs fois, 'Franck, on est avec toi'". Même son de cloche pour Antoine qui a vu et entendu un "accueil mitigé. Une bonne partie des spectateurs l’ont hué mais certains n’ont pas hésité à réclamer son entrée pour donner plus de rythme au match".
"Des sifflets et des encouragements"
Et puis l’heure de jeu est arrivée. La 59e minute exactement. Franck Ribéry rentre à la place de Florent Malouda. "Il y a eu un énorme bruit dans tout le stade", raconte Antoine. Et de poursuivre : "il a été sifflé mais c’était particulier. La bronca était accompagnée d’encouragements éparses un peu partout dans les gradins". Une chose est sûre, personne n’est resté indifférent au retour du mutin. "Avant son entrée, les gens autour de moi en parlaient dans le stade. Comme si tout le public était suspendu à ce retour".
Premiers ballons. Premiers sifflets. Mais sur son côté gauche, Franck Ribéry se régale. Technique, percutant, il montre tout de suite son envie. "Il a très vite renversé la tendance. Après une heure assez ennuyeuse, le public était demandeur de jeu. Ribéry leur en a apporté et très rapidement, les huées ont laissé place aux applaudissements".
Jean-Charles Banoun, chef du service des sports d’Europe 1, était lui aussi au Stade de France. "Sur ses deux premiers ballons, il a été sifflé. Il y a eu ensuite un petit blanc. Pas long. Puis, une partie du virage nord a commencé à scander son nom. Ses bonnes prises de balle ont fait le reste". Quasiment au bord du terrain, Pierre renchérit : "il s’est mis le public dans sa poche tout seul. Quand il offre un caviar à Loïc Rémy (83e), tout le monde a applaudi à côté de moi. Et bizarrement, je n’ai plus entendu d’insultes…"
Après la rencontre, Ribéry s’est, lui aussi, expliqué au micro d’Europe 1. Avec une certaine lucidité : "quand je suis rentré, il y a eu des sifflets. Je m’y attendais. J’ai aussi entendu des encouragements et ça m’a mis en confiance. Ça m’a fait penser à mes débuts en équipe de France. Je suis surtout très content parce que le public a très bien réagi".
Blanc épargne Evra
A deux minutes de la fin, Laurent Blanc appelle Yoann Gourcuff. Il va rentrer en jeu. Après des matches difficiles ces derniers mois, ce changement de dernière minute sonne un peu comme un cadeau empoisonné pour le Lyonnais. Résultat : énorme bronca du stade de France. "Là, le public n’était pas du tout mitigé. Tout le monde l’a sifflé. Plus que Ribéry", conclut Antoine.
Si Franck Ribéry s’en est bien sorti, Patrice Evra, lui, ne peut en dire autant. Laurent Blanc a choisi de ne pas le faire rentrer. Le sélectionneur des Bleus a peut-être jugé que le retour de Ribéry suffisait. Mais si le défenseur de Manchester United veut enchaîner les sélections en équipe de France, il devra forcément passer le test du Stade de France.