Comment les Bleus se sont révoltés

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COUPE DU MONDE - La France s'est remobilisée pour battre l'Angleterre (19-12). 

Il y a une semaine, les Bleus sortaient du terrain la tête dans les chaussettes après le revers concédé face aux Tonga (19-14). Malmenés sur le terrain, bousculés en conférence de presse et foudroyés par une perspective d’avenir bien sombre, les Français n'en menaient pas large. Sept jours plus tard, des joueurs méconnaissables ont renversé un XV de la Rose moribond (19-12) pour se hisser en demi-finale contre les Gallois. La "révolte" tant attendue par Marc Lièvremont a bien eu lieu.

Sept jours de thérapie

"C'est brutal. Une équipe sort du terrain en souriant, l'autre pleure. Je suis déçu pour tous les joueurs. On avait l'occasion de vivre quelque chose de vraiment spécial et ce ne sera pas le cas". La phrase est signée Martin Johnson, le sélectionneur des Anglais, visiblement dépité en conférence de presse. Mais ces mots auraient très bien pu sortir de la bouche de Marc Lièvremont. Heureusement pour les supporters tricolores, les Bleus ont retrouvé leur agressivité au bon moment.

Auteur d’un match extraordinaire, le "basque bondissant" Imanol Harinordoquy est fier de l’état d’esprit des Bleus. "On a retrouvé un paquet d’avants agressif, qui était là pour faire mal et pas pour jouer à la baballe. Même quand on a loupé des plaquages, il y avait toujours un Bleu pour rattraper le coup". Morgan Parra, lui aussi excellent à l’ouverture, ne peut qu’abonder dans ce sens : "on sait que la priorité c’est le combat. Aujourd’hui, on s’est fait mal les uns pour les autres. On a vraiment pris conscience de certaines choses cette semaine".

Imanol-Rougerie

Après l’humiliation contre les Tonga, la France devait impérativement réagir. La thérapie par la bière a visiblement fonctionné. Entre quatre yeux, les Bleus ont remis les choses à plat. Le capitaine des Bleus, Thierry Dusautoir, revient sur cette semaine de préparation un peu particulière : "beaucoup de joueurs se sont rendus compte qu'ils passaient à côté d'une chance extraordinaire. Que jouer une Coupe du monde, c'était des instants rares dans la vie". Le message est passé et les joueurs se sont tous remobilisés.

Modestie et ambition

Langue de bois interdite la semaine dernière. "On est nuls", avait même lancé Maxime Médard. Regroupés en cercle sur le terrain avant le début du match, les Bleus ont mis les fameux "coups de tête" que réclamait Lionel Nallet, vétéran de cette équipe. Un sursaut d’orgueil qui arrive au meilleur des moments pour battre le meilleur des ennemis. Eliminés en 2003 et 2007 par le XV de la Rose en demi-finale, la France tient enfin sa revanche.

Clerc-2

Mais ce réveil ne doit être que le début de l’aventure. Les joueurs l'ont bien compris et aucun d'entre eux n'a fait le coq après la rencontre. "On n'a rien gagné, on a juste gagné le droit de revenir la semaine prochaine. Il ne faudra surtout pas s'emballer, ce n'est qu'une demi-finale", tempérait même Thierry Dusautoir après le match. La France a d’ailleurs habitué ses supporters au dernier carré. Le XV tricolore disputera les demi-finales du Mondial pour la quatrième édition consécutive depuis 1995.

Très critiqué depuis le début de la Coupe du monde, Marc Lièvremont ne veut pas s’emballer non plus. "Il faut maintenant savoir si cette équipe a envie d'imiter ses illustres devancières ou bien d'écrire sa propre histoire", a-t-il lâché, dans une allusion à l'irrégularité chronique du XV de France ces dix dernières années. Les Bleus sont donc restés modestes après la rencontre. Mais difficile de retenir indéfiniment cette joie. Imanol Harinordoquy à la conclusion : "on aurait pu être dans l’avion demain matin à 6 heures, donc on va savourer cette victoire". Espérons que ce retour en France soit retardé le plus possible.