Le scénario imprévisible et extraordinaire de la victoire fleuve de Lyon (7-1) sur la pelouse du Dinamo Zagreb a éveillé les soupçons et suscité énormément de réactions. Il faut rappeler ici que ces suspicions ont été écartées jeudi par l’Autorité française de régulation des jeux en ligne (Arjel) et l’UEFA qui n’ont relevé aucun "pari illégal" pendant la rencontre. Mais après ce tohu-bohu, Europe1.fr a cherché à comprendre comment la France travaillait pour éviter toute éventuelle fraude.
Si les soupçons ont été écartés jeudi concernant le match Zagreb-Lyon, ce n’est pas le cas du match opposant Tours à Grenoble, lors de la 33e journée de Ligue 2, le 29 avril dernier. La rencontre avait été retirée de tous les sites de paris en ligne en raison de mises anormalement élevées sur la victoire grenobloise. Des sommes qui provenaient pour la plupart de Corse. Malgré le score (2-2), l’Arjel a quand même saisi le parquet pour ouvrir une enquête judiciaire.
Un volume de paris trop important. Si l’Arjel a accès au suivi des paris quasiment en temps réel des opérateurs, ce sont ces derniers qui sont le plus à même de constater des irrégularités. "Le première critère est volumétrique : si on constate des mises très importantes sur un match, une alerte est immédiatement activée", explique Juliette De La Noue, directrice éthique et conformité chez Betclic. Si on prend le fameux match Zagreb-Lyon, la Française des Jeux, contactée par Europe1.fr, a fait un constat sans appel : "il y a eu deux fois moins de mises pour le match de Lyon que pour le match de Lille" sur la même soirée. En revanche, lors du dernier cas très suspicieux autour de Tours-Grenoble, près de 640.000 euros avaient été misés sur le match. Un montant 100 fois supérieur à la normale.
Une variation anormale des cotes. Un autre facteur peut mettre la puce à l’oreille des sites de paris en ligne : les cotes. A chaque match et chaque offre, plusieurs cotes sont "établies par des bookmakers qui étudient très précisément le marché et la concurrence", précise Juliette De La Noue, directrice éthique et conformité chez Betclic, jointe par Europe1.fr. "Quand il y a une variation anormale de ces cotes, là aussi, une alerte est activée".
Une enquête approfondie. Une fois qu’une irrégularité a été détectée, les techniciens des sites de paris en ligne s’affairent pour trouver l'origine de la faille. "A ce moment-là, on contacte également l’Association européenne pour la sécurité du sport pour savoir si la concurrence a rencontré le même problème", note Juliette De La Noue. "Si c’est le cas, on peut se retrouver face à une tricherie. Sinon on poursuit nos recherches pour découvrir la faille". Si un opérateur a des suspicions, il doit immédiatement contacter l’Arjel mais également l’organisateur de la rencontre, comme par exemple la Ligue pour un match de championnat.
Les sanctions possibles. Si en termes de contrôle, tout semble fait pour se prémunir du moindre risque de triche, la question des sanctions est plus gênante pour les opérateurs. "On fait au cas par cas", explique Juliette De La Noue. Il ne faut pas non plus froisser la clientèle. "Lorsqu’il y a une cote anormalement élevée, des "petits" parieurs peuvent être tentés de miser sans pour autant tricher. En revanche, si on repère un véritable fraudeur, on peut l’exclure du site".
Encore des failles ? Si le marché français semble très sécurisé, il existe encore de nombreuses failles à l’étranger. "On peut miser sur des matches de Ligue 2 dans d’autres pays de l’Union européenne ou même en Asie", raconte Jean-François Vilotte, président de l’Arjel. "Et là, il n’existe aucun contrôle dans tous ces pays", reconnaît-il.