Alberto Contador va devoir se montrer plus convaincant. Alors que l'Espagnol, suspendu à titre provisoire par l'UCI, attend de connaître son sort suite au contrôle positif au clenbutérol dont il a été l'objet le 21 juillet sur le Tour de France, l'Agence mondiale antidopage (AMA) a fait part mercredi de son scepticisme quant aux explications fournies par le triple vainqueur de la Grande Boucle. Une épreuve dont le parcours 2011 sera dévoilé mardi... sans Contador ? De la viande contaminée qui fait débat... Au moment de s'expliquer devant la presse le 30 septembre dernier après la révélation de son contrôle positif au clenbutérol, Alberto Contador s'était lancé dans une argumentation alambiquée, mettant sa positivité sur le compte d'une viande contaminée en provenance d'Espagne ingérée les 20 et 21 juillet à Pau, où le Tour de France faisait relâche. Des explications qui en ont rendu plus d'un sceptiques, dont les responsables de l'Agence mondiale. Mercredi, David Howman, son directeur général, a ainsi déclaré: "(Cette excuse) a déjà été avancée par le passé, on l'a entendue dans plusieurs dossiers et on l'a rejetée. C'est fréquent. Le problème est le suivant: pouvez-vous le prouver ? C'est assez difficile de prouver que (le produit dopant) vient de là." C'est sans doute la raison pour laquelle la décision de l'UCI, qui, suite à l'annonce du contrôle positif, a suspendu le triple vainqueur du Tour à titre conservatoire, se fait attendre, la Fédération internationale cherchant visiblement à disposer d'un maximum d'informations avant de se prononcer. Car le clenbutérol, retrouvé en quantités très faibles dans les urines de l'Espagnol, ne semble pas le seul produit incriminé, L'Equipe ayant révélé le 1er octobre que des traces de résidus de plastique avaient également été décelées, ce qui pourrait s'expliquer par une autotransfusion via des poches de sang en plastique. Mais là encore, toute la difficulté est de prouver, ce qu'a confirmé mercredi le directeur scientifique de l'AMA, Olivier Rabin: "Il y a des résidus. Nous en sommes sûrs à ce stade, c'est un fait scientifique. Comment reliez-vous cela à une pratique dopante ? C'est la question. Aujourd'hui, on ne peut pas établir à 100% de lien entre des niveaux élevés de résidus plastiques et le fait de dire: «Vous êtes dopé». C'est un point sur lequel nous travaillons." Sans doute absent au Palais des Congrès... Et l'intéressé d'ajouter: "Quand il y a des niveaux élevés de résidus plastiques, cela fournit comme indication que cela est très probablement lié à des transfusions. Mais nous devons encore approfondir nos travaux pour voir s'il s'agit d'un lien à 100%." Un lien à 100% qui, même avéré, sera cependant difficile à utiliser comme un argument totalement fiable, puisque les tests ne sont aujourd'hui pas indiscutables: "Comme la méthode n'est pas totalement validée, nous pouvons l'utiliser en tant qu'indication mais pas comme un moyen de preuve. Nous ne pouvons pas être sûrs à 100% qu'il s'agit d'une transfusion, d'autres explications sont possibles", souligne Olivier Rabin. Autant dire que même pas totalement convaincue par l'argumentaire de Contador, l'AMA, qui travaille avec l'UCI sur le dossier, va devoir trouver d'autres sources de preuves pour faire tomber un homme qui, comme tous les autres coureurs «pris les doigts dans le pot de confiture» avant lui, défendent leur bonne foi. L'Espagnol a en tout cas décidé de garder le silence sur cette affaire depuis sa conférence de presse du 1er octobre, attendant fébrilement une décision de l'UCI qui tarde à venir. C'est pourquoi, selon L'Equipe de ce jeudi, il aurait décidé de ne pas se rendre à Paris mardi prochain pour assister à la présentation du parcours du Tour de France 2011 au Palais des Congrès. A moins que l'UCI ne se manifeste d'ici là, ce qui paraît assez improbable. Et même si l'instance internationale sortait de son silence, ce ne serait pas forcément en faveur de Contador qui n'aurait pas forcément intérêt à se montrer en public. Car l'UCI, si elle considère qu'il a commis une infraction à son règlement antidopage, doit transmettre le dossier à la Fédération espagnole, chargée de sanctionner son coureur. On n'en est pas encore là...