Forcément, quand le dernier vainqueur français d'un tournoi du Grand Chelem (Roland-Garros 1983) prend la parole, ça fait du bruit. Dimanche, une semaine jour pour jour après la défaite de l'équipe de France face à la Suisse en finale de la Coupe Davis (1-3), Yannick Noah a poussé un (petit) coup de gueule aux allures d'appel du pied sur l'antenne d'Infosport+. "On est tout le temps dans les histoires. Les mecs ne veulent plus venir en équipe de France. Et on paume, on paume, on paume", a regretté "Yann", avant de se poser en recours éventuel : "si demain, j'ai les cinq joueurs devant moi (On imagine Tsonga, Gasquet, Monfils, Simon et Benneteau, ndlr), qui me disent 'Yann on y va', là c'est chaud." Noah de retour dans le staff tricolore, une bonne idée ? Europe 1 ouvre le débat.
Par Jean-Claude PERRIN, consultant Europe 1
"Yannick, ce n'est pas un meneur de tennismen, c'est un meneur d'hommes. C'est un homme qui connaît les secrets pour manager une équipe, pour faire d'un groupe d'individus une machine collective pour gagner. C'est ça Noah. Yannick, c'est un passionné, un homme qui vit continuellement pour le sport. Il n'est pas question de l'opposer à Clément qui a fait un travail remarquable. Je reconnais ici les langues perfides des médias. Il n'est pas question de les opposer ou de vouloir la mort du pécheur. Yannick a simplement relevé quelques facteurs importants de la défaite et fait quelques observations mais il n'a jamais voulu "descendre" les uns ou les autres. Yannick est beaucoup plus fin et ne se place pas dans le sens de la concurrence. (S'il revenait) Yannick n'a pas besoin de poste. Quand Noah est présent, il fait du Noah. Il n'a pas besoin d'un bureau, d'une étiquette. Ça, c'est bon pour les gens qui travaillent à l'inspection du Trésor ou à Bercy. Le retour de Noah, ce serait très bénéfique, non seulement pour le tennis et pour la direction technique, qui n'a pas bien compris qui il était, mais également pour le sport tout court. Et tout le monde serait heureux, moi le premier, de le voir sur un terrain de sport plutôt que sur des plateaux de shows télévisés."
Par Nicolas ROUYER, journaliste Europe1.fr
"On n'a pas été bons, et pas que sur le court." Voilà l'avis bien tranché que nous propose Yannick Noah, une semaine après la défaite de l'équipe de France en finale de la Coupe Davis face à la Suisse. Mais où était-il Yann, quand les Bleus ont défié sans succès les n°2 et 4 mondiaux ? En tournée. Eloigné des choses du tennis (qui comptent) depuis la fin des années 1990, Noah a depuis tracé sa voie de chanteur. Sans vouloir lui faire le procès d'intention que certains pourraient lui intenter (je reviens vers le tennis parce que la musique marche moins bien), on doit reconnaître que le timing de cette annonce a de quoi étonner. Pourquoi ne pas avoir fait cette sortie en amont de la finale ? Pourquoi se placer dans la peau du capitaine alors qu'Arnaud "La Clé" Clément devrait garder les rênes de l'équipe ? Quoi qu'on pense de sa gestion de la finale, et notamment du cas Tsonga, Clément a su mobiliser les quatre talents (et tempéraments) du tennis français autour d'un objectif commun, remporter la Coupe Davis, ce qui n'était pas gagné d'avance. Noah, dont les rapports avec cette génération semblent (dis)tendus, serait-il capable de faire mieux au poste de capitaine ? Rien n'est moins sûr."