Il s'est effrondré à genoux sur le court dans une posture qui a rappelé ses plus belles victoires en Grand Chelem, et notamment son premier Wimbledon, en 2003. Quinze ans après avoir débuté dans l'épreuve, en 1999, Roger Federer venait de toucher au Graal collectif du tennis, à savoir la victoire en Coupe Davis. "Tu ne peux pas comparer avec une victoire en Grand Chelem", s'est défendu "Fed" lors d'une conférence de presse que son coéquipier Stan Wawrinka s'est amusé à perturber, en charriant notamment les joueurs français. "Quand j''ai gagné Wimbledon (pour la première fois, face à Mark Philippoussis, ndlr), c'était le choc complet. La Coupe Davis, c'était possible à un moment dans ma carrière. J'ai essayé de rendre tout le monde heureux, avec le soutien de l'équipe."
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"Son meilleur match contre moi." Dimanche, c'est pourtant tout seul que le Suisse a fait le boulot, remportant le 3e et dernier point pour son équipe. Opposé à Richard Gasquet, le n°2 mondial a joué un tennis quasi parfait, prenant tout de suite son adversaire à la gorge, avec un break réalisé dès le troisième jeu. "C'est le meilleur match qu'il a fait contre moi", a reconnu Gasquet, l'une des victimes préférées du géant suisse, qui a enregistré dimanche sa 13e victoire en 15 matches face au Biterrois.
Débuté avec des doutes sur son dos, le week-end de Federer s'est conclu avec la confirmation que son jeu peut encore parfaitement se marier à l'exigeante terre battue, même à 33 ans. Il a régalé au service (84% de points gagnés sur sa première balle, aucune balle de break concédée et seulement 14 points perdus sur sa mise en jeu) mais aussi à la volée, avec un taux de réussite exceptionnel (18 sur 23). Ce fut même une démonstration complète, "Fed" concluant la rencontre sur une amortie, un geste qu'il a beaucoup utilisé dimanche.
Son triomphe est aussi (et surtout) celui de Wawrinka. Après sa victoire, les premiers mots de Federer sur le court ont été pour son coéquipier Stan Wawrinka, qui avait mis la Suisse sur orbite vendredi avec sa victoire sur Jo-Wilfried Tsonga. Car le triomphe helvétique, avant d'être celui de Federer, est celui de Wawrinka. "Stananimal" a été de toutes les batailles récentes de la Suisse en Coupe Davis, alors que Federer a parfois zappé ce rendez-vous pour alléger son calendrier.
Alors qu'il hésitait visiblement à se lancer cette année, la victoire de son ami (mais aussi rival, on l'a vu la semaine dernière au Masters) à l'Open d'Australie l'a définitivement convaincu sur le potentiel de leur association. Federer et Wawrinka, vainqueurs du double samedi, peuvent célébrer ensemble ce premier succès historique. "C'est un grand jour pour la Suisse", a convenu un Federer "soulagé" d'avoir gagné. "On est un petit pays et on ne gagne pas de grandes compétitions comme celle-là tous les jours."
Après ce succès, il ne manque plus aujourd'hui à Federer qu'une médaille d'or olympique en individuel (il a décroché celle du double en 2008, déjà en association avec Wawrinka) et deux Masters 1000 (Monte-Carlo et Rome) pour parfaire un palmarès hors norme. Après l'avoir enfin soulevé dimanche, a-t-on une chance de voir Federer défendre ce Saladier d'argent la saison prochaine ? "On s'est très bien amusé. Je pense que ce n'est pas encore la fin. Il nous reste encore beaucoup d'heures à vivre… aujourd'hui", s'est amusé Federer en préambule, avant d'esquiver ensuite toutes les questions sur son avenir dans la compétition. Une chose est certaine : ce triomphe en terre nordiste lui offre une occasion en or de clore une histoire riche et parfois contrariée avec le Saladier d'argent.
Pourquoi les joueurs reçoivent-ils un saladier ?
VIDEO - Coupe Davis : pourquoi les vainqueurs...par Europe1fr