Quand le "favori" assume... "On peut présenter Guingamp comme un favori." Vendredi, en conférence de presse, l’entraîneur du Stade rennais, Philippe Montanier, avait un peu surpris son monde en faisant de l’En Avant de Guingamp, promu cette saison en Ligue 1, le favori de la finale de la Coupe de France. Force est de constater que les faits lui ont donné raison. Le petit club breton, situé dans une ville d’à peine plus de 7.000 habitants et doté d'un budget de 22 millions d'euros seulement, a dominé le "gros", samedi soir, au Stade de France.
2 - Seul le PSG (3) a remporté plus de Coupes de France que Guingamp (2) au 21e siècle. Ambitieux.— OptaJean (@OptaJean) May 3, 2014
Du début à la fin, les joueurs de Jocelyn Gourvennec ont maîtrisé les débats. Et, pour la troisième fois de la saison, après leurs deux succès en championnat, ils l’ont emporté à nouveau 2-0, avec l'ouverture du score de Martins Pereira et un but de l’inévitable Mustapha Yatabaré, auteur de huit réalisations cette saison en Coupe de France.
Du National à une deuxième Coupe de France. Vainqueurs logiques, les Guingampais ont pu s’offrir un tour d’honneur royal, avec les applaudissements nourris des supporters rennais à la clé. Les fans des Rouge et Noir commencent à connaître les qualités de l’EAG. Il y a cinq ans, Rennes avait déjà laissé filer la Coupe face à Guingamp, alors en Ligue 2 (2-1). Entre ces deux succès, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille pour le club des Côtes d’Armor. Un an après son premier succès au Stade de France, le club était relégué en 2010 en National le troisième échelon du football français.
Et le président historique du club, Noël Le Graët, élu à la tête de la Fédération française de football (FFF), a été contraint de passer la main. Mais le club est resté dans la famille : c’est désormais son gendre qui en tient les rênes. Mais, surtout, avant de prendre la présidence de la FFF (organisatrice de la Coupe de France), Le Graët a eu la bonne idée de nommer Jocelyn Gourvennec dès 2010. Et, en trois saisons, l’ancien meneur de jeu du FC Nantes a fait passer le club du National à la Ligue 1, avec un projet de jeu porté vers... l'avant, comme on a encore pu le constater à plusieurs reprises samedi soir.
Les "paysans" règnent sur Paris. Et la passion, qui n’avait jamais totalement disparu, a repris son cours dans le bucolique stade du Roudourou, qui présente le cinquième meilleur taux de remplissage de la Ligue 1 et où, bien sûr, la moyenne de spectateurs (14.832) excède largement le nombre d’habitants… Samedi encore, dans un Stade de France qui avait pris des allures de Fest Noz, les supporters de Guingamp ont montré qu’ils faisaient corps avec leur équipe. Cela avait commencé dès le RER menant les milliers de spectateurs bretons vers l’enceinte dionysienne. On ne voyait qu’eux, on entendait qu’eux.
Excellent ! Des supporters de Guingamp rebaptisent le nom de la station de métro "Rennes" sur la ligne 12 !!!!! pic.twitter.com/eYNijyJ9AO— Régis DOS SANTOS (@DOSSANTOSRegis) May 3, 2014
Face à des fans du Stade Rennais, tout aussi nombreux mais moins enjoués (car trop stressés ?), Ils ont marqué leur territoire d’entrée, à l’instar de leurs joueurs. Et, dans la foulée du Kop Rouge 1993, qui avait pris place au coeur du virage sud du Stade de France, ils ont rythmé la fin de la partie avec des "olé" à chaque passe réussie, jusqu'aux "Et ils sont où les Rennais ?" et "On est chez nous" de bon aloi. Ceux qui aiment se présenter comme les "paysans" du football français venaient une nouvelle fois de triompher en ville…