Coupe de France : Petits Poucets et gros sous

© MAXPPP
  • Copié
Julien Froment avec N.R. , modifié à
AMATEURS - Les 32es de finale ont lieu ce week-end, avec l’entrée en lice des clubs de Ligue 1.

C’est un rendez-vous immuable. A chaque début d’année civile, les 32es de finale de la Coupe de France offrent des affiches atypiques entre pensionnaires de l'élite et clubs des campagnes. Le monde professionnel s’oppose à son petit frère amateur sur des terrains bucoliques avec, de temps en temps, des victoires surprises. La sacro-sainte "magie" de la Coupe de France fait toujours son petit effet... Mais pour les formations amateurs, la Coupe, c’est aussi et surtout une question d’argent. Exemple avec trois clubs amateurs engagés ce week-end - Quimperlé, La Suze-sur-Sarthe et Chambly - dont les répercussions sur les finances sont plus ou moins importantes.

Pour les clubs de division régionale, la Coupe est une poule dont les œufs d’or grossissent au fil des tours passés. L’exemple du petit club de Quimperlé, en 7e division nationale et qui va affronter l’AC Ajaccio, dimanche après-midi, est le plus parlant. "Les tours de Coupe nous permettent de voir venir les prochaines saisons avec un peu plus de sérénité", confie au micro d'Europe 1 le président du club, Gwenaël Pothier. "La victoire au huitième tour nous rapporte une prime fédérale de 35.000 euros. Nous qui faisons des vide-greniers et des lotos toute la saison, c’est extraordinaire."

Habitué à une affluence de 100 à 150 personnes lors de ces matches de championnat, le FC Quimperlois, deuxième plus petit club engagé en 32es derrière Marcq-en-Barœul (Promotion d’Honneur), va voir déferler cette fois plus de 4.000 spectateurs. Avec les retombées économiques qui vont avec... "Il y aura environ 3.200 entrées payantes plus des apports de buvettes, ça correspond environ à un tiers de notre budget annuel qui est de 150.000 euros." A la santé de Quimperlé...

La problématique n'est pas la même pour tous les clubs amateurs confrontés à des clubs de l'élite. C’est le cas notamment de La Suze FC, pensionnaire de Division d’honneur, soit le sixième échelon national, et qui reçoit dimanche un hôte prestigieux : l’Olympique lyonnais. Pour l’occasion, le club a vu les choses en grand avec la délocalisation de la rencontre au MMArena du Mans, laissé vacant par le club sarthois depuis ses nombreux démêlés judiciaires. Il s'agit d'un véritable pari pour le président Joël Bruneau, encore loin d’être gagné.

"On est une petite commune de 4.500 habitants, avec un tout petit budget. C’est super pour la ville, pour les joueurs, pour le département, mais c’est difficile, c’est un match avec beaucoup de frais", explique ainsi au micro d'Europe 1 le président sarthois. "On attend 19.000 personnes mais on espère atteindre les 21.000 pour boucler mon budget, qui est de 200.000 euros pour 24 équipes. Si le stade n’est pas suffisamment rempli, le manque à gagner peut varier de 20.000 à 30.000 voire 50.000 euros." Joël Bruneau en appelle à la solidarité et en particulier à celle de l’OL. Il espère que l'OL laissera tout ou partie de sa part de recettes. "C’est le grand souhait que j’ai, ce qui me travaille et ce qui m’empêche de dormir depuis trois semaines. Si Lyon ne m’aide pas, j’ai peur que ça ne soit plus une fête." A titre de comparaison, cette somme de 50.000 euros, essentielle pour La Suze, ne représente qu’un sixième du salaire mensuel brut du milieu de terrain lyonnais, Yoann Gourcuff.

Le club de Chambly, pensionnaire du Championnat de France amateur (CFA), compte également sur les retombées financières de la Coupe de France. Mais son cas est un peu différent des deux précédemment cités. La formation picarde, qui reçoit le SCO d'Angers samedi, possède en effet un budget annuel de 600.000 euros, avec une structure semi-professionnelle. Mais une participation et l’accession aux 32es de finale a permis de mettre un coup de fouet aux finances.

"Même en cas d’élimination, c’est 42.000 euros qui entrent dans les caisses du club. Et avec les entrées, on va atteindre un petit 50.000 euros. Cela fait un peu moins de 10 % du budget, ce n’est pas anodin", explique le président du club, Fulvio Luzi, au micro d'Europe 1. "Après, si vous passez en seizièmes de finale, c’est encore 40.000 euros supplémentaires. Evidemment que la Coupe de France a un attrait financier énorme pour les clubs amateurs." Les 33 clubs amateurs encore engagés au stade des 32es de finale vont tenter ce week-end de transformer cet attrait en histoire d'amour...