Du rugby au Canada ? Vraiment ? Oui, et depuis longtemps. Le rugby a fait son apparition au Canada dans la deuxième partie du 19e siècle, sous l'influence des migrants et des régiments militaires britanniques. Le premier match recensé remonte à 1864. Mais il faut attendre le siècle suivant pour voir évoluer une sélection canadienne. Ce sera le 31 janvier 1932 contre le Japon. S'ensuit une longue période de 30 ans sans le moindre match, avant une rencontre face aux Barbarians, en 1962. Pourquoi tant de temps sans feuille d'érable sur le pré ?
Hockey et météo. Tout simplement parce que le rugby a du mal à se faire une place dans un pays où un sport domine tous les autres : le hockey. Et si le hockey domine, c'est aussi parce qu'il y trouve un terrain et surtout une météo à sa convenance. Difficile, en effet, de jouer au rugby dans un pays où les températures sont très faibles une grande partie de l'année. C'est pour cette raison que le rugby est surtout pratiqué sur la côte ouest du pays, là où la météo est la plus douce. Résultat : le Canada ne compte que 20.000 licenciés et le championnat majeur se résume à quatre provinces qui s'affrontent à quatre reprises (BC Bears, Prairie Wolf Pack, Ontario Blues et The Rock).
Des stars exilées en Angleterre et en France. Mais ce n'est évidemment pas au Canada qu'évoluent les plus grands talents du rugby canadien. La plupart migrent vers l'Europe : l'Angleterre (où joue notamment le talonneur Aaron Carpenter) mais également la France. La star de l'équipe, le deuxième ligne Jamie Cudmore, 37 ans, porte les couleurs de Clermont alors que le 1re ligne Benoît Piffero, lui, évolue en Haute-Garonne, à... Castanet-Tolosan, club de Fédérale 1 (3e division). Beaucoup de joueurs canadiens viennent également du rugby à 7, à l'instar du capitaine, le troisième ligne centre Tyler Ardron, passé par le sept avant de se faire une place aux Ospreys, au pays de Galles.
Des filles brillantes. Si l'équipe nationale masculine du Canada, désormais entraînée par un technicien néo-zélandais Kieran Crowley, tarde à progresser - quart de finaliste du Mondial en 1991, elle ne pointe aujourd’hui qu'à la 18e place du classement du World Rugby, derrière la Roumanie (17e) mais aussi le voisin américain (16e) -, son homologue féminine, elle, s'est mise en évidence. L'an dernier, les Canadiennes ont en effet atteint la finale de la Coupe du monde qui se disputait en France. En demi-finales, les Canadiennes avaient créé la surprise en éliminant le pays hôte au stade Jean-Bouin (18-16). Les Bleus sont prévenus : le cousin canadien ne fait pas de cadeau.