Le football, un sport populaire aux Etats-Unis ? Le scénario était totalement farfelu il y a encore 20 ans, quand les Etats-Unis organisaient la Coupe du monde en 1994. Pour la première fois, ce Mondial attire les foules américaines devant les postes de télévision et dans les stades brésiliens.
Le "soccer" (comme on dit Outre-Antlantique pour le différencier du football américain) a longtemps souffert du mépris réservé aux sports féminins. Aux Etats-Unis, le football est en effet généralement pratiqué par les femmes, ou les enfants.
Toujours pas à la hauteur du Superbowl. Mais la donne semble avoir changé avec ce Mondial au Brésil. Dimanche, lors du match Etats-Unis-Portugal, 25 millions de personnes ont suivi la retransmission, d’après les chiffres publiés par le Wall Street Journal. Un très bon score, à la lumière des quelques 18 millions de téléspectateurs de la finale de la NBA (mais évidemment pas à la hauteur des 108 millions du Superbowl). Et contrairement aux téléspectateurs européens, il y a quasiment autant de téléspectatrices que de téléspectateurs, selon le site spécialisé Pro Player Insiders.
Cet engouement soudain est presque incroyable, pour Tab Ramos, ancienne star de la coupe du monde 1994, aujourd’hui adjoint du sélectionneur Jürgen Klinsmann: "Honnêtement, je suis surprise, dit-il sur Eurosport. Si vous m’aviez dit en 1994 que, 20 ans plus tard, il y aurait du soccer tous les jours en direct à la télé et que le public serait à ce point derrière son équipe nationale, je ne l’aurais pas cru".
Des supporters sans tradition. Au Brésil, les fans américains de football représentent la deuxième nationalité à avoir fait le déplacement pour venir soutenir leur équipe d’outsiders de la compétition. La distance, plus courte entre le Brésil et les Etats-Unis qu’entre l’Europe et le Brésil, joue bien sûr en faveur des supporters de soccer. Sans la longue tradition dans les stades, ces nouveaux fans de foot (les American Outlaws, comme ils s’appellent), empruntent les codes européens pour forger leur propre identité de supporters, comme l’explique le New York Times. "Nous essayons d’incorporer autant de styles de soutien que possible, venus des traditions hispanique, latino, anglaise ou européenne", explique le porte-parole des Outlaws, Dan Wiersema.
Le public hispanique, créneau des publicitaires. Les publicitaires ont donc adapté leurs spots de pub, sur les télévisions et sur internet, au public fan de football, souvent issus les communautés hispaniques et latinos. Comme l’écrit le site spécialisé AdWeek, le site internet de l’équipe nationale diffuse une publicité en espagnol. Sur la chaîne de sport ESPN également, At&T va diffuser ses publicités en anglais et en espagnol.
Parmi les fans de soccer, la communauté hispanique, en pleine expansion démographique, mais aussi les jeunes pourraient faire basculer définitivement ce sport parmi les sports très suivis. Dan Courtemanche, un porte-parole de la Ligue nord-américaine (MLS), estime que "la popularité du football a progressé de façon significative parmi les jeunes, nous pensons que c’est un bon signe pour le futur". En effet, un sondage publié au mois d’avril par la chaîne sportive ESPN montre que le football est plus populaire que le hockey chez les 10-17 ans.
Est-ce une fausse impression ? De là à dire que les Etats-Unis vont vraiment être fan de football, The Atlantic se refuse à franchir le pas. Selon le magazine américain, il s’agit plus d’un engouement pour la compétition sportive que pour le football en lui-même, comparant les chiffres d’audience avec ceux des Jeux olympiques de Londres. Une passion éphémère, qui s’éteindra peut-être avec l’élimination de l’équipe nationale...
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