Chercher l'arc-en-ciel sous la pluie. Après plus de 250 kilomètres sous une pluie battante, Michal Kwiatkowksi franchit une ligne synonyme de maillot arc-en-ciel. Battant, il fallait l'être justement pour s'imposer sur ce circuit, où s'affrontaient punchers et sprinters dans une course tactique. Trop roulant pour permettre aux amateurs de raidillons de lâcher les grosses cuisses - Kristoff, Dengenkolb, Matthews, Bouhanni - trop bosselée pour assurer aux sprinters d'arriver groupés. Il fallait donc jouer serré. La traditionnelle échappée matinale avalée par des Polonais qui roulent en tête, on ne sait pas trop si Tony Martin tente de rééditer sa performance vosgienne sur le Tour de France ou s'il s'entraîne pour sa future tentative du record de l'heure.
Moteur Daimler Benz. Toujours est-il que le champion du monde du contre-la-montre déchu écrase les pédales comme jamais. Il faudra attendre le dernier tour pour que le moteur Daimler Benz soit rattrapé par le peloton. Et dépassé par quatre larrons qui tentent un coup fourré à vingt bornes de l'arrivée: Vasil Kiryienka, l'habituel vassal au visage impassible, Alessandro De Marchi, le Don Quichotte italien, adepte des cavaliers seuls, Mickael Andersen, qui croit en son comte de fée et Cyril Gautier, le far breton qui rayonne cette saison.
Des fauves comme des lions en cage. Gautier et sa marinière tricolore, c'est le joli coup de dé des Français, qui force Italiens et Espagnols à rouler en tête du peloton. Un peloton où rôdent encore les fauves, Dengenkolb, Kristoff, Bouhanni, comme des lions en cage. Qui flairent une possible victoire, mais aussi le danger. Danger de voir surgir un dynamiteur, un Gilbert, un Gerrans ou un Valverde, qui leur soufflerait leur proie dans la dernière montée, à quelques kilomètres de la ligne.
La mobylette polonaise. C'est l'un de ses dynamiteurs, Michal Kwiatowski, qui se dévoile le premier à six kilomètres de l'arrivée. La mobylette polonaise tourne à plein régime, une flammèche qui enflamme les favoris : Valverde, Van Avermaet, Rodriguez, Gilbert, Gerrans et Gallopin essayent de s'accrocher à sa selle. Peine perdue, les poursuivants échouent à quelques mètres du nouveau champion du monde. le premier Français, Tony Gallopin, termine sixième. Le jeune Polonais triomphe en pro pour la treizième fois de sa carrière. Un chiffre porte-bonheur.