L'ancien coureur allemand a effectué un parallèle entre peloton et prostitution.
En pleine semaine de championnats du monde sur route, les déclarations de Jörg Jaksche risquent de faire un peu de bruit. L'ancien coureur allemand, qui s'est retiré des pelotons en 2008 après avoir avoué s'être dopé tout au long de sa carrière, a en effet réalisé une sortie fracassante dans le magazine économique allemand Brand eins.
"Le dopage fait toujours partie du système", précise-t-il d'emblée. "En cyclisme, seuls les coureurs ont été virés, les chefs d'équipes, les managers, les soigneurs qui étaient impliqués sont restés". L'ancien coureur, vainqueur de Paris-Nice en 2004, file alors la métaphore entre le milieu du peloton et celui de la... prostitution. "Les proxénètes sont assis au chaud dans leurs voitures pendant que les filles (les coureurs, donc, ndlr) sont dans la rue par -2 degrés et sont appréhendés par la police."
L'avis de Jaksche (ici le deuxième coureur en partant de la gauche) prend une coloration toute particulière à la lecture de son parcours : deux ans chez Telekom aux côtés de Jan Ullrich (deuxième en partant de la droite), trois ans à la Once sous les ordres de Manolo Saiz, un an à la CSC avec Bjarne Riis comme manager, deux ans chez Liberty Seguros (future Astana), toujours avec Saiz, et enfin, une dernière année complète chez les pros dans l'équipe Tinkoff Credit Systems, devenue Katusha, équipe russe dont plusieurs coureurs ont déjà été convaincus de dopage. Enfin, en 2013, Jaksche avait été entendu comme témoin dans le procès de l'affaire Puerto à Madrid, décrivant par le menu le système de dopage organisé par le docteur Eufemiano Fuentes.
80 dérivés de l'EPO indécelables ? L'avis pessimiste de Jaksche, qui a fréquenté beaucoup de personnages troubles du cyclisme du début du siècle, dont certains occupent aujourd'hui des postes de managers - Riis chez Tinkoff-Saxo ou Vinokourov, qui fut son coéquipier à la Telekom, chez Astana -, est partagé par l'inspecteur antidopage allemand Helmut Pabst. Selon lui, qui s'exprime également dans Brand eins, il est difficile de croire "que quelque chose a changé au sommet du système durant les dernières années". Ce médecin fait notamment référence aux quelque 80 dérivés d'EPO qui seraient actuellement en circulation, pour la plupart sans méthodes de détection.
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