C'est un concept : le Racing-Métro a annoncé jeudi à ses supporters leur cadeau de Noël... 2015. En effet, le club parisien a officialisé l'arrivée en fin d'année prochaine de l'une des grandes stars du rugby mondial, l'ouvreur néo-zélandais Dan Carter, recordman du nombre de points en sélection (1.257 avec les Blacks, en 102 sélections). Agé de 32 ans, Carter, qui a signé pour trois ans, rejoindra le Top 14 à l'issue de la prochaine Coupe du monde, que seuls les joueurs sous contrat avec la fédération néo-zélandaise peuvent disputer.
Un choix économique et sportif. En attirant Carter dans ses filets, le président du Racing, Jacky Lorenzetti, s'offre une tête de gondole idéale pour remplir la prochaine Arena 92, qui doit sortir de terre fin 2016. D'ailleurs, le dirigeant francilien ne s'en cache pas : l'arrivée du All Black doit avoir un impact économique. "Carter sera sûrement le joueur le mieux rémunéré du Racing (après les départs à venir de l'Argentin Juan Martin Hernandez et de l'Irlandais Jonathan Sexton l'an prochain, ndlr), mais aussi celui qui coûte le moins cher, et de loin : les retombées que l'on aura sur la billetterie, le merchandising et grâce aux partenaires, ainsi que l'image qu'il va nous apporter, vont largement payer sa rémunération." On évoque un salaire oscillant entre 1 et 1,5 million d'euros annuel, ce qui constituerait un record dans le rugby.
Pourtant, Lorenzetti a précisé que le joueur n'avait pas fait "le choix de l'argent". Le Racing itou, visiblement, puisque le dirigeant a précisé que l'arrivée de Carter au Racing n'était pas un "rêve de gosse", mais "avant tout un choix sportif". Le duo d'entraîneurs du Racing, Laurent Labit et Laurent Travers, ont d'ailleurs d'ores et déjà annoncé qu'ils comptaient utiliser l'actuel joueur des Canterbury Crusaders "à l'arrière et au centre" et qu'ils attendaient de lui qu'il soit "le leader capable d'encadrer les joueurs d'avenir". Problème, l'ouvreur néo-zélandais n'a disputé que cinq rencontres comme titulaire depuis plus d'un an. Blessé à un tendon d'Achille en novembre 2013, Carter a ensuite pris un congé sabbatique de huit mois pour revenir mi-juin. De nouveau blessé en août à un péroné, il n'a fait son retour en sélection que pour la tournée de novembre, où il n'a disputé que 86 minutes en quatre matches. Rien de très rassurant.
Le précédent Wilkinson. "Même embaumé comme les pharaons, Dan Carter reste vivant", insiste Eric Blanc, consultant rugby d'Europe 1. "C'est sûr, c'est le roi de l'elastoplast, il va creuser le trou de la Sécu mais ça reste un joueur légendaire et compétitif. Même s'il apparaît peut-être en-dessous de (Beauden) Barrett et de (Aaron) Cruden dans la hiérarchie des ouvreurs (néo-zélandais), Steve Hansen (le sélectionneur de la Nouvelle-Zélande, ndlr) lui fait confiance. Pour le Racing, je pense que c'est une énorme pioche. Ça me fait penser au défi qu'a réussi (Mourad) Boudjellal avec (Jonny) Wilkinson. Personne n'en voulait, il tournait en rond, il fréquentait plus la Salpêtrière que les terrains de jeu et vous voyez ce que ça a donné." Deux titres de champion d'Europe et un titre de champion de France...
Refaire le coup de "Wilko", c'est sans doute le rêve des dirigeants du Racing. Leur cauchemar serait de voir un Carter blessé, comme il le fut une grande partie de sa demi-saison passée à Perpignan, en 2009. "Je pense qu'à 33 ans, une fois qu'il aura les Blacks derrière lui, il pourra se projeter dans un nouveau championnat qu'il connaît puisqu'il a gagné le Bouclier de Brennus avec l'Usap en 2009, même s'il n'a pas joué les phases finales, car il était là aussi blessé. Mais il a apporté toute son expérience au pied et à la main, et c'est ce dont on a besoin le Racing. Je crois en Dan Carter, avec bien sûr les risques inhérents des collisions et de l'impact qui existent dans ce sport." Comme tous les paris, celui de faire signer Dan Carter comprend donc sa part de risque. Mais aussi d'excitation.