Au moment même où la sélection italienne semble s'être trouvée un nouvel homme providentiel en la personne de Mario Balotelli, deux légendes du football transalpin n'ont pas encore fait une croix sur le prochain Euro. Alessandro Del Piero et Francesco Totti, dont le temps de jeu en club se réduit comme peau de chagrin, pensent encore avoir leur épingle à tirer avant l'annonce du groupe retenu pour le séjour en Ukraine et en Pologne. "Del Piero et Totti? Si lors du dernier match de qualification, il me faut absolument trois points, je les convoquerai", avait confié Cesare Prandelli en mars dernier, alors que sa sélection reprenait progressivement des couleurs après le fiasco du Mondial sud-africain. Depuis cette sérénade, peut-être chantée pour amadouer les tifosi, de l'eau a coulé sous le ponts des soupirs et sa "nuova Italia" s'est brillamment qualifiée pour le prochain championnat d'Europe en terminant invaincue de son groupe. L'idée de revoir les deux capitaines emblématiques de la Juventus et de l'AS Roma régenter le groupe azzurro a donc pris du plomb dans l'aile. Mais les graves blessures d'Antonio Cassano (accident vasculaire) et de Giuseppe Rossi (rupture du ligament croisé antérieur), possibles forfaits en Ukraine et en Pologne, pourraient signer la mise à l'écart temporaire du plan d'épargne jeune souhaité par Prandelli. Le livret triple A de Totti et Del Piero avec la Nazionale pourrait alors peser dans la balance... Alessandro Del Piero (37 ans, 91 capes, 27 buts). Mercredi dernier, Pinturicchio a fêté son trente-septième anniversaire avec ses aficionados, qui attendaient la fin de la séance collective pour clamer leur amour majuscule au numéro 10 bianconero. Quelques semaines auparavant, Del Piero apprenait dans la presse qu'il vivait (sans doute) sa dernière année avec la Vieille Dame après dix-neuf ans de joyeuses noces. Pas forcément effarouché par ce divorce prématuré - Andrea Agnelli lui avait déjà signalé cette "précision" à l'occasion de la prolongation de son contrat au mois de mai - Alé a confié à son entourage qu'il était plus déterminé que jamais pour montrer qu'il avait encore beaucoup à apporter à la Vieille Dame. Et lorsqu'un de nos confrères de France Football lui a rappelé les propos très positifs de Prandelli à son encontre, Del Piero n'a pu cacher son envie d'exporter cet enthousiasme à l'international. "Je ne me suis jamais fixé de limites, et c'est probablement l'une des raisons pour lesquelles je suis toujours là", soutient DP. Cela me motive, me pousse à chercher les émotions les plus intenses. Pour ce qui est des échéances de juin prochain, tout passe par le présent. Mon futur se décide dans l'application, dans les efforts que je fournis au quotidien". Malheureusement pour lui, c'est le passé qui semble rattraper aujourd'hui la légende juventina, abonnée au banc et bientôt en tribune présidentielle... Francesco Totti (35 ans, 63 capes, 9 buts). Avec Il Bimbo d'oro, on ne peut jurer de rien. Son histoire avec le maillot azzurro s'est toujours cousue en pointillés, entre sommets (Euro 2000, Coupe du monde 2006) et déconvenues (CM 2002, CE 2004), au fil de ses mouvements d'humeur et de ses arabesques balle au pied. Après avoir tiré un premier trait sur sa carrière internationale après le sacre mondial, histoire de se consacrer entièrement à son club et de ménager son corps de jeune trentenaire, Totti a depuis multiplié les appels-contre-appels auprès de Marcello Lippi pour se démarquer de sa décision hâtive et réintégrer la Squadra. En vain. Le sélectionneur de la Nazionale a en effet jugé que le trequartista, au même titre que Del Piero et Inzaghi, avait fait son époque et qu'il était désormais temps de faire confiance à la nouvelle génération (Alberto Gilardino, Fabio Quagliarella, Simone Pepe, Giampaolo Pazzini). Son successeur à la tête de la sélection, Cesare Prandelli, a suivi la même ligne directrice, allant même jusqu'à offrir au capitaine romain un dernier match amical en guise d'adieu. Un jubilé qu'a refusé le joueur le plus capé de la Louve, estimant qu'il avait d'autres services à rendre que celui de jouer les vaches à lait pour public nostalgique. Preuve qu'il n'a pas encore totalement renoncé au doux songe d'une nuit d'été en Europe de l'Est.