Sélection tchétchène - sélection brésilienne 1994-2002. L'affiche est surréaliste. C'est pourtant à ce match auquel doivent assister les spectateurs de Grozny, capitale de la République du Caucase russe, mardi après-midi. Un temps annoncées pour ce match, les principales vedettes des champions du monde brésiliens de 2002 - Ronaldo, Ronaldinho on encore Kakà - n'étaient pas du voyage.
Ils ont été remplacés par des champions du monde 1994 tels Romario, Bebeto et Dunga. L'ancienne star du PSG, Raï, était également présent. "J'espère que le football brésilien pourra apporter un peu de joie ici", a-t-il expliqué à son aéroport, où, à l'instar des autres joueurs, il a été accueilli par des centaines de supporteurs en liesse. Du côté de la sélection tchétchène, emmenée par Ramzan Kadyrov, nommé... capitaine, on retrouvait également un autre champion du monde, Lothar Matthaüs, sacré avec l'Allemagne en 1990.
Un tour de chant pour Lara Fabian
Pour ce genre de déplacements, à risque ou/et exotiques, les anciennes stars du foot sont habituellement grassement rémunérées. Mais, cette fois, Kadyrov a expliqué que les joueurs n'avaient pas souhaité toucher de primes. "Parce qu'il faudrait encore qu'on les paye ? C'est la première fois que j'entends ça", a réagi le jeune président, âgé de 34 ans. Pourtant, la rumeur voudrait que cette équipe du Brésil mixte 1994-2002 perçoive un million de dollars. Comble de l'étrange, ce match a été précédé à Grozny d'un concert de... Lara Fabian, pour célébrer la journée internationale de la femme.
Roberto Carlos est déjà au Daguestan
L'organisation de ce match répond à une volonté des autorités de développer le football dans cette région du monde. En janvier dernier, le Terek Grozny, qui a frôlé la relégation la saison dernière, a recruté comme entraîneur Ruud Gullit, légende du football néerlandais. Et rêve maintenant de s'offrir Ronaldo...
Anzhi Makhatchkala, un club du Daguestan, autre république du Caucase, voisine de la Tchétchénie, s'est, lui, offert Roberto Carlos pour un salaire annuel de cinq millions d'euros, qui fait de l'ex-défenseur du Real le joueur le mieux payé en Russie. Pour l’homme fort de Tchétchénie, sur lequel compte Moscou pour contenir la rébellion, il s’agit de faire de ce match amical une vitrine, une marque de respectabilité mais aussi un cadeau pour un peuple fortement marqué par les deux guerres qui ont opposé, de 1994 à 1996 puis de 1999 à 2000, les forces séparatistes de Tchétchénie à la Fédération de Russie. Pour quelques heures, les jeunes vont oublier l'instabilité politique et le chômage pour célébrer le jeu...