La qualification pour le Mondial obtenue contre l’Ukraine puis la belle victoire décrochée face aux Pays-Bas (2-0), en amical, ont totalement détendu Didier Deschamps. Et c’est en effet un sélectionneur souriant et affable qui s’est assis au micro de Nicolas Poincaré, présentateur du 18h30 d’Europe 1, et de François Clauss, chef du service des Sports, dans une édition spéciale diffusée mercredi soir. L’ancien capitaine des Bleus, qui se dit volontiers "ouvert au monde extérieur", a répondu avec bonhomie aux questions des personnalités de la station.
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Laurent RUQUIER, animateur de "On va s’gêner" : "je serai au Brésil pour la Coupe du monde. J'arriverai pour le 30 juin. Pensez-vous que je verrai l'équipe de France à Brasilia le 30 juin ou le 1er juillet à Sao Paulo (date des huitièmes de finale de l’épreuve, ndlr) ? Et j'espère vous voir à Rio le 4 juillet (date d’un quart de finale éventuel, ndlr). Au passage, j'ai besoin de deux places."
Didier DESCHAMPS : "même en payant, il pourrait rajouter (rires). Peu importe où on sera, l'essentiel, ce sera d'y être encore le 30 juin ou le 1er juillet. Ce serait une bonne chose pour nous. L'objectif premier, c'est de finir à la première place du groupe. La Suisse, on les connaît, le Honduras et l’Equateur, c'est moins parlant, moins glamour. Mais l'Equateur a fini devant l'Uruguay dans la zone Amsud. Et la grande majorité de joueurs du Honduras ont disputé les JO 2012 où ils avaient éliminé l'Espagne en demi-finales… Les entraîneurs de la direction technique nationale (DTN) sont chargés de superviser les matches de chaque équipe, pendant la préparation mais aussi pendant la compétition. Au moment du match contre le Honduras ou l’Equateur, les joueurs auront les mêmes informations sur leurs adversaires que si on jouait l'Espagne ou le Brésil."
Cyril HANOUNA, animateur des "Pieds dans le plat" : "comment allez-vous faire pour empêcher les joueurs de sortir le soir au Brésil, le pays de la fiesta ? Il y a une boîte magnifique là-bas, la Charanga. Dites-moi comment vous allez faire, j’ai hâte de savoir."
D.D. : "je vois qu’il connaît déjà les endroits, il a déjà repéré (rires). Il connaît pas mal de joueurs, ça m’inquiète un peu (rires). On est en Coupe du monde, il y a les entraînements, des matches tous les cinq jours. Mais on ne va pas être dans un bunker non plus. Les joueurs auront des moments de liberté. Les fiancées ou les épouses peuvent être amenées à venir. Si elles sont là, ils pourront bien évidemment les voir, ça a toujours été le cas sur toutes les compétitions, depuis de longues années. Mais on est là pour préparer des matches. Il y aura des moments de forte intensité. Mais il y aura des moments plus relâchés, un peu plus ludiques."
David ABIKER, animateur de "Des clics et des claques" : "quelles seront les consignes que vous allez donner aux joueurs en matière de communication sur Twitter et les réseaux sociaux ? Est-ce qu’elle va être encadrée ou est-ce qu’ils vont pouvoir poster des photos, faire des commentaires, etc. ?"
D.D. : "il y a de bons côtés avec l’apparition des réseaux sociaux et des différentes formes de communication mais je vais être vigilant car ça peut être source de conflit. J’y réfléchis, on va voir ce qu’il est possible de faire. Il y a une vie en interne qui a besoin d’être protégée. On le voit aujourd’hui, il y a des côtés néfastes à cette communication en instantanée, et tout ce qui s’ensuit, l’interprétation permanente, la réaction des uns et des autres… Une petite étincelle peut rapidement devenir un grand incendie."
Jean-Marc MORANDINI, animateur du "Grand direct des médias" : "si les choses se passent mal, les médias et les humoristes risquent de se déchaîner contre vous. Est-ce que vous vous préparez à ça ?"
D.D. : "Non, je n'y pense pas. Ça fait partie de ma vie de sélectionneur, ça n'a pas d'emprise sur moi. C'est évidemment plus agréable de lire des choses positives. Mais je ne pense pas à ma personne. On m'avait posé la question après le match aller en Ukraine (perdu 2-0). Etre qualifié, ça change la vie et la mienne aussi. Mais quand je suis avec mes joueurs, je coupe tout, je ne lis rien, je n’écoute rien. Je ne suis pas perturbé. Comme ça, j’arrive en conférence de presse, je suis détendu et même s’il y a quelqu’un en face de moi qui m’a "découpé" le matin ou la veille, ce n’est pas grave (sourire)."
Denis OLIVENNES, PDG d’Europe 1 : "sans vous interroger sur vos opinions politiques, en termes de management, de façon de conduire les projets, de mener les hommes, de quel style vous vous sentez le plus proche ? De celui de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande ? "
D.D. : (sourire) "j'ai pris une décision depuis que je suis sportif et footballeur professionnel, et je l'ai maintenue quand je suis passé entraîneur et sélectionneur : je m'interdis de parler de politique. Ceci étant, en matière de management, celui qui se lève le matin et qui dit "moi, je sais", je n'y crois pas. Moi, je me lève tous les matins et j'apprends de tout le monde. Le maître mot pour un sélectionneur, c'est s'adapter à une situation et à des hommes. Gérer l'humain, c'est ce qui est le plus complexe mais le plus intéressant aussi."
Guy ROUX, consultant football : "je voudrais savoir comment vous allez gérer le problème d'une éventuelle blessure pendant la phase de préparation (la France va disputer trois matches amicaux en vue du Mondial, contre la Norvège le 27 mai, face au Paraguay le 1er juin et contre la Jamaïque le 8 juin, ndlr). Y aura-t-il des joueurs écartés du groupe qui devront rester en condition ?
D.D. : "c’est une bonne question. Je suis convaincu qu'il n'existe pas de meilleure solution, donc je vais faire en sorte de prendre la moins mauvaise. J'ai deux obligations aujourd'hui : le 13 mai, communiquer une liste de 30 noms à la Fifa et ensuite, le 2 juin, une liste de 23 noms. Je réfléchis à la meilleure façon de gérer la situation (par le passé, le départ des joueurs finalement non retenus a fait polémique, ndlr).
Daniel COHN-BENDIT, chroniqueur dans "Europe matin" : "Aimé Jacquet (sélectionneur des Bleus entre 1993 et 1998, ndlr) avait fait une croix sur l'Euro 1996 en ne sélectionnant pas Cantona pour préparer la Coupe du monde 1998. Est-ce que l'équipe de France qui jouera au Brésil préfigure celle qui, on l'espère, remportera l'Euro 2016, en France ? "
D.D. : "je ne peux pas galvauder une Coupe du monde, qui plus est au Brésil. Vous savez combien il y avait de joueurs présents en 1996 qui ont été reconduits en 1998 ? 10, seulement un sur deux. L’Euro 96 avait surtout permis à Aimé Jacquet de peaufiner l'organisation de son staff pour être plus efficace. 1996 a été important pour les joueurs qui y étaient et qui ont prolongé l'aventure, mais, je le répète, il y en a un sur deux qui n'étaient pas là. Ceux qui vont faire la Coupe du monde 2014 ne seront donc pas forcément les heureux élus en 2016."
Wendy BOUCHARD, animatrice d’"Europe 1 midi" : "j’ai envie de revivre la folie du Mondial 1998. C’était mes premières émissions de foot, sur le rythme du 3-0. Je ne vais pas vous demander trois principes de base, trois commandements, mais au moins un, une philosophie qui va guider votre action."
D.D. : "le devoir que nous avons et que les joueurs ont, c’est que les gens qui nous suivront, au stade, devant la télévision ou à la radio, vibrent, qu’ils aient des émotions à travers ce qu’on fera. On ne maîtrise pas le résultat mais on a cette obligation-là. L’engagement doit être total pour aller le plus loin possible, comme on a été capable de le faire sur les deux derniers matches. Et quand il y a la victoire au bout, ce n’est que du bonheur. "
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