En 2005, l'AJ Auxerre remportait la Coupe de France en battant en finale après prolongation le CS Sedan-Ardennes, alors en Ligue 2 (2-1). Dix ans plus tard, l'AJA, vainqueur mardi soir de sa demi-finale face au tenant du titre, l'En Avant de Guingamp (1-0), va retrouver le Stade de France. Mais ce sera elle, cette fois, le "petit". En effet, depuis son quatrième trophée dans la plus ancienne compétition hexagonale, le club bourguignon a connu moult remous, dont le principal reste sa relégation en Ligue 2 à l'issue de la saison 2011-12. Depuis, l'AJA n'a pas réussi à revenir dans l'élite et a même échappé de peu à la catastrophe la saison passée, entre résultats médiocres (16e de L2) et difficultés financières. Le ticket pour la finale décroché mardi de bien belle façon contre l'EAG a presque valeur de rédemption pour un club qui, il y a cinq ans encore, ferraillait en Ligue des champions...
Sammaritano, le héros. Cette finale, c'est aussi une réussite pour le coach ajaïste, Jean-Luc Vannuchi. Depuis que Guy Roux a quitté le banc pour de bon, à l'issue de la saison 2004-2005, ils sont déjà six à avoir occupé le banc bourguignon avec plus (Jean Fernandez) ou moins (Laurent Fournier) de succès. Arrivé en remplacement de Bernard Casoni en mars 2014, l'ancien joueur de l'AS Cannes a évité la relégation en National avant de ramener le club dans la lumière du Stade de France. "Ça a a dépassé toutes nos attentes. On vit des moments extraordinaires avec ce groupe. Cette saison, on n'a pas été épargnés par les blessures et Fred (Sammaritano) en est la preuve", a confié le coach auxerrois au micro d'Eurosport.
Le lutin du football français, 1,62 m sous la toise, symbolise presque à lui seul les dernières années tourmentées de l'AJA. Jugé indésirable après sa première saison en 2010-11, il est transféré à l'AC Ajaccio avant de revenir en Bourgogne deux ans plus tard. Propulsé cadre de l'équipe, il se blesse gravement au tendon d'Achille le 8 août dernier. Revenu sur les pelouses seulement en mars, "Fred" a déjà marqué le tir au but qualificatif face à Brest en quarts de finale avant de marquer le seul but de la demie, mardi, après un long une-deux avec Cheikh Diarra et un enchaînement contrôlé orienté-frappe croisée que n'auraient pas renié les plus grands. "Je ne suis pas le héros de la soirée, c'est toute l'équipe qui l'est", a considéré Sammaritano après la rencontre. "C'est une énorme récompense, une aventure extraordinaire. En finale, on garde notre ambition, il faudra faire abstraction du contexte. On ne partira pas battus d'avance."
Encore en course pour la montée. L'AJA disputera sa sixième finale de Coupe de France (quatre succès, une défaite), le 30 mai prochain, contre le vainqueur de la seconde demi-finale entre le PSG et Saint-Etienne, qui aura lieu mercredi soir au Parc des Princes. "Notre finale, c'était ce (mardi) soir, et on l'a gagnée", considère Vannuchi. "On va maintenant entrer dans une autre dimension quel que soit le finaliste, Paris ou Saint-Etienne. La ville va être en fête, c'est bien." Avant de se plonger dans cette finale, l'AJA va devoir gérer le quotidien avec un déplacement périlleux à Brest, vendredi soir. Huitième du classement de Ligue 2, mais à seulement cinq points du podium, l'AJA peut encore espérer remonter parmi l'élite. Et pour l'avenir du club, c'est sans doute là le défi le plus important.