Une classe d'écart. L'équipe de France n'a pas réussi d'exploit, samedi, lors de son troisième match de la Coupe du monde 2011. Les Bleus ont été logiquement battus (37-17) par une équipe de Nouvelle-Zélande supérieure dans bien des domaines. Cette défaite n'élimine pas pour autant les Bleus. Mais pour s'assurer une place en quarts de finale, les joueurs de Marc Lièvremont devront prendre au moins un point contre les Tonga, le week-end prochain. En cas de qualification, cette défaite devrait contraindre les Bleus à défier l'Angleterre en quarts de finale. Et pourtant, tout avait si bien commencé...
Dix minutes de haut niveau. Alors que l'on pouvait s'attendre à une pression maximale des Blacks d'entrée de jeu, ce fut tout le contraire. Ce sont les Bleus, qui jouaient en blanc, qui ont mis la main et le pied sur le ballon. Une première percée de Morgan Parra, stoppé (irrégulièrement ?) par Daniel Carter, une tentative de drop de ce même Parra qui échoue sur le poteau, une passe au pied millimétrée de Dimitri Yachvili pour Damien Traille... Pendant dix minutes, les Bleus ont joué avec des idées et mis du mouvement. Dix minutes passées dans le camp black, mais sans point marqué. Le rêve était passé.
La marée noire déferle. 10e minute : Ma'a Nonu fait la différence plein champ en échappant à trois plaquages. Adam Thomson conclut en coin. 5-0. 17e minute : Richie McCaw transmet à Cory Jane en sortie de touche. L'ailier black écarte Maxime Médard d'un petit raffût et marque le deuxième essai des Blacks (photo). 12-0. 21e minute : Carter s'enfonce dans la défense française comme dans du beurre et transmet à Israel Dagg, qui aplatit sans aucune opposition. 19-0. En douze minutes, le match a été plié.
Lièvremont passe à la sanction. On l'a vu agacé derrière son mur de plexiglas, dans les gradins de l'Eden Park. Marc Lièvremont n'a pas du tout apprécié les erreurs individuelles et les plaquages manqués qui ont gangréné le match des Bleus, et en particulier leur première mi-temps. Damien Traille, Luc Ducalcon et Louis Picamoles, dont la responsabilité était plus ou moins engagée sur les essais néo-zélandais, ont payé les pots cassés et sont sortis dès la mi-temps. Problème, dès la reprise, les Bleus encaissaient un nouvel essai... "L'envie ne suffit pas", a réagi à chaud le sélectionneur des Bleus sur TF1. "On commet encore trop d'erreurs grossières. Pour rivaliser, il nous faut tout et pas faire autant de fautes."
"Il va falloir réagir", estime Marc Lièvremont :
Deux essais de filou. Si les Blacks ont inscrit cinq essais - Dagg, d'entrée de deuxième mi-temps et l'intenable Sonny Bill Williams, en fin de match, ont tour à tour alourdi le score -, les Bleus ont sauvé l'honneur par deux essais de filou, le premier sur une interception de Maxime Mermoz (55e) et le deuxième en sortie de mêlée, avec le rentrant François Trinh-Duc (75e). Trop peu, trop tard.
Un "Kapa o Pango" de folie. Les All Blacks ont livré la version la plus dure du haka, le "Kapa o Pango", qui s'achève par la simulation d'un égorgement. Mené par un Piri Weepu totalement habité, ce haka a été particulièrement intense, preuve que les Blacks n'avaient pas oublié le revers de 2007. Les Bleus, alignés sur la ligne médiane, se sont contentés de se tenir par les épaules, sans mot dire.
Piri Weepu mène un impressionnant "Kapa o Pango" :
La 100e de McCaw. Casquette basse, l'artiste ! Le troisième ligne et capitaine des Blacks, Richie McCaw, est devenu samedi le premier international néo-zélandais à atteindre le cap des 100 sélections. Pour l'occasion, le flanker kiwi a revêtu une "cap" spéciale qui lui a été remise par l'ancien All Black Jock Hobbs, grand artisan de l'organisation de ce Mondial 2011 mais qui a été contraint d'abandonner ses fonctions à la Fédération et au Comité d'organisation pour soigner une leucémie.
Parra-Yachvili, poker manqué. En alignant une charnière composée de deux demis de mêlée de métier, Marc Lièvremont souhaitait sans doute perturber des Blacks beaucoup plus lourds. Mis à part les dix premières minutes, cela a guère payé, les deux joueurs souffrant à l'impact mais aussi dans leurs coups de pied, plusieurs fois contrés. Finalement, peu après l'heure de jeu, Trinh-Duc a fait son entrée en jeu à la place de Parra. Ironie du sort, c'est l'ouvreur de Montpellier qui a inscrit le deuxième essai français. Et qui devrait retrouver sa place face aux Tonga.
Mermoz en fait trop. Mais quelle mouche a piqué Maxime Mermoz au moment d'inscrire le premier essai français ? Certes, c'était aussi son premier essai avec les Bleus. Mais cela valait-il ce plongeon dans l'en-but tendance Chris Ashton puis cette démonstration de joie ostentatoire ? A ce moment-là, les Blacks étaient en effet déjà allés à dame quatre fois et menaient de plus de 20 points...
Les supporters des Bleus au top. L'Eden Park d'Auckland avait des airs de Stade de France, samedi. Près de 17.000 supporters tricolores avaient en effet fait le déplacement. Et ils ont donné de la voix : une Marseillaise après le premier essai français, de réguliers "Allez les Bleus !" et des applaudissements nourris en fin de match,... Un public pareil méritait sans doute un peu plus de suspense.