Alors que l'équipe de France dispute un match capital dans la course à la qualification pour la Coupe du monde 2014, vendredi soir, en Géorgie, l'ancien sélectionneur, Raymond Domenech, s'est exprimé dans Europe Matin. Toujours amoureux des Bleus, celui qui a tenu en mains leur destinée pendant six ans, de 2004 à 2010, juge leur potentiel à l'aune de ce rendez-vous crucial sur la route du Brésil.
La course à la qualification. L'équipe de France, qui reste sur deux phases finales décevantes (une élimination au premier tour de la Coupe du monde 2010 et une en quarts de finale de l'Euro face à l'Espagne), est encore loin d'avoir assuré sa présence lors de la prochaine Coupe du monde, au Brésil, l'an prochain. Au mieux, elle se qualifiera directement, devant l'Espagne. Au pire, elle sera éliminée le mois prochain. Mais, plus probablement, elle finira deuxième de son groupe derrière la Roja et devra en passer par les barrages. C'est aussi ce que pense l'ancien sélectionneur. "J'ai toujours cette même envie : que l'Equipe de France réussisse", insiste-t-il. "J’y crois mais il y a des étapes. Ça dépend de l'Espagne et de ses concurrents. S'ils gagnent tous leurs matches et nous aussi, il faudra passer par les barrages. Je ne crois pas que l'Espagne perdra de points. Les barrages, c'est un peu dangereux. Il y a le risque (d'affronter un adversaire sérieux, ndlr) : il y a le Portugal, la Russie, l’Angleterre, la Suède… Il y a de gros adversaires potentiels."
"Il faudra passer par les barrages", estime Domenech :
L'inefficacité de Benzema. L'attaquant du Real Madrid n'a plus marqué depuis plus de 19 heures en Bleu. Pour autant, il devrait être à nouveau titulaire, vendredi soir. "Les gens qui ne sont pas à l'intérieur n'ont rien à dire, je suis bien placé pour le... dire", insiste Domenech. "Deschamps a des convictions, des certitudes, s'il veut le faire jouer, qu'il le fasse. Je vis avec la réalité : on peut en mettre d'autres mais qui ? Il y a 3-4 avants-centres en équipe de France, trois vrais attaquants de pointes, un qui joue au Real, un à Arsenal et un à Marseille... Didier Deschamps accorde sa confiance à Karim, il a envie d'aller au bout du processus." Dans son souci de mettre fin à l'inefficacité des Bleus, mais aussi à celle de Benzema, Deschamps devrait faire évoluer les Bleus en 4-4-2, vendredi soir, avec un duo Benzema-Giroud à la pointe de l'attaque, Ribéry et Mathieu Valbuena évoluant sur les côtés.
Le travail de Deschamps. Après la catastrophe sportive et d'image du Mondial 2010, le successeur de Domenech, Laurent Blanc (2010 à 2012), a lui aussi connu des soucis sur et en dehors du terrain, l'an dernier, lors de l'Euro (tensions entre Nasri et les médias, comportement de Ben Arfa, etc.) Et, depuis son arrivée au poste, Didier Deschamps semble à son tour rencontrer quelques difficultés à souder le groupe France. Pas si nul, Domenech, finalement ? "Je ne l'ai jamais prétendu !", a-t-il souri. "Ai-je souffert ? On souffre quand on n'arrive pas à faire fonctionner son équipe mais, quand on connaît le pourquoi et qu'on sait qu'on aura beau faire..." Domenech s'est également défendu d'avoir utilisé la langue de bois quand il était aux responsabilités. Obligation du poste, estime-t-il. "Le poste exige cette forme de comportement, on ne peut pas raconter tout ce qui se passe. Il y a des joueurs que l'on ne récupère que sur quelques stages, quelques jours, on n'a pas des gens toute l'année avec qui on peut travailler. Oui, ça empêche de répondre franchement à une question dans une conférence de presse ! Je comprends que les gens pouvaient imaginer que j'étais énervant..."
L'absence de leader. Si la France peine autant à obtenir de bons résultats - elle n'a même plus marqué depuis trois rencontres (France-Espagne : 0-1, Brésil-France : 3-0, Belgique-France : 0-0) -, c'est en raison de l'absence de leader, selon Domenech. "Il y a une période difficile parce qu'il n'y a pas de vrais leaders dans cette équipe. Il peut arriver petit à petit. Je ne sais pas qui va emmener l'équipe, c'est ce qui a toujours manqué depuis le départ des anciens de 2006", insiste l'ancien sélectionneur des Bleus, pour qui le manque d'expérience de la génération actuelle est une faiblesse. "On ne peut pas gagner la Coupe du Monde avec de trop jeunes joueurs : il y avait une moyenne d’âge de 27 ou 28 ans en 1998 ! C'est une compétition de haut niveau, la pression est telle que les jeunes joueurs ne peuvent pas tenir les matches à répétition, surtout quand ils sont nombreux sur le terrain."
Le retour des bannis. Après les réhabilitations de Franck Ribéry et Patrice Evra, meneurs de grève à Knysna, c'est au tour de Samir Nasri, suspendu après ses écarts lors de l'Euro 2012, d'avoir été rappelé chez les Bleus. Pour Domenech, il est important de ne pas vivre dans le passé. "Le foot ne se conjugue pas au conditionnel, ce qui est fait est fait", considère-t-il. "J'ai écrit un livre (Tout seul) pour évacuer tout ça, la page est tournée. Je regarde des footballeurs de l'équipe de France, qui portent le maillot, qui vont, je l'espère, chanter la Marseillaise : je ne vois que ça, pas de visage, pas "c'est un tel, il était comme ça avant"... J'ai regardé tous les matches ! L'équipe de France, c'est plus fort qu'untel ou untel. J'ai l'amour de ce maillot, je défends l'équipe de France, quel que soit le joueur. les supporters disent souvent aux joueurs qu'ils sont de passage, que le club restera. C’est pareil pour l’équipe de France."