Un Français se trouve actuellement au cœur du scandale de dopage et de corruption qui touche la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). Il ne s'agit pas d'un athlète mais d'un médecin. De ceux qui sont censés garantir un sport propre. Gabriel Dollé était en effet jusqu'à l'an dernier le responsable des contrôles antidopage à l'IAAF.
Mais le 3 novembre dernier, le médecin français a été mis en examen pour corruption passive par le parquet national financier (PNF). Il lui est reproché d'avoir profité d'un système de couverture de cas de dopage mis en place avec le concours du président de l'IAAF de l'époque, le Sénégalais Lamine Diack, en poste entre 1999 et 2015. L'ancien dirigeant, qui a démissionné mercredi du Comité international olympique (CIO), dont il était un membre honoraire, a lui aussi été mis en examen pour corruption passive et blanchiment aggravé.
"Quelqu'un d'exigeant et de rigoureux." Ancien responsable de la lutte antidopage au ministère des Sports puis à la Fédération française d'athlétisme (FFA) avant de rejoindre l'IAAF, Gabriel Dollé, remarié depuis quelques années à une femme bien plus jeune que lui, avait bonne réputation dans le monde de l'athlétisme. Son départ précipité à la retraite en septembre 2014 (à l'âge de 73 ans) avait surpris. Comme sa mise en cause aujourd'hui.
"Je suis très étonné parce que c'était quelqu'un qui était exigeant et rigoureux", relève au micro d'Europe 1 Michel Marle, président du comité prévention dopage à la FFA. "Quand il y avait de grands championnats ou de grandes manifestations, il regardait si on faisait dans l'excellence. Ça s'est toujours bien déroulé avec lui. Et lorsqu'il n'était pas présent, quand un contrôle s'était mal passé ou qu'il traînait, nous avions tout de suite un avertissement en disant : 'attention, vous n'êtes pas dans la norme'. il y avait un rappel aux règles. J'ai l'image d'un personnage extrêmement rigoureux, pointu, compétent, que je ne pouvais soupçonner de faire de telles bêtises."
87.000 euros retrouvés en liquide. Des bêtises, Gabriel Dollé pourrait effectivement en avoir commises. Mercredi, l'hebdomadaire L'Express a révélé que 87.000 euros en liquide ont été retrouvés à son domicile sur la Côte d'Azur. Au total, le médecin français aurait pu percevoir jusqu'à 190.000 euros pour fermer les yeux sur certains cas avérés de dopage, venus essentiellement de Russie. Selon L'Express, une partie de cet argent aurait pu être mise au service de campagnes électorales au Sénégal... Qu'est-ce qui a pu pousser un homme visiblement au-dessus de tout soupçon à tomber dans un tel "piège", comme l'appelle Michel Marle ? Cité par le quotidien L'Equipe, l'ancien trésorier de l'IAAF, Jean Poczobut, explique que Gabriel Dollé "avait besoin de continuer (sa mission) pour des raisons financières"...