A l'heure de conclure cette série de test-matches automnale, l'heure n'est plus aux expérimentations, mais à la recherche de confirmation pour le XV de France de Marc Lièvremont. Seuls deux changements interviennent dans le quinze de départ retenu pour défier l'Australie samedi, au Stade de France. Ouedraogo supplée Bonnaire en 3e ligne, tandis que Porical revient à l'arrière, Palisson glissant à l'aile aux dépens d'Andreu. Une boutade pour commencer, histoire de détendre l'atmosphère. Marc Lièvremont a beau subir le feu des critiques en cet automne, le sélectionneur national ne perd pas le sens de l'humour. "On a pris l'habitude de sortir le meilleur plaqueur", lance-t-il ce matin, depuis l'auditorium de Marcoussis, dans un sourire. Une manière comme une autre de justifier l'un des deux seuls changements opérés dans le quinze de départ tricolore et parmi les courts vainqueurs (15-9) de l'Argentine pour le test final face aux Wallabies samedi, au Stade de France. Une troisième levée automnale, qui sera aussi la dernière occasion pour les Bleus de se frotter à une nation de l'hémisphère sud avant la Coupe du monde l'an prochain. Après Fulgence Ouedraogo, évincé sur fond de polémique malgré son statut de meilleur plaqueur face aux Fidji pour le match de Montpellier, c'est donc au tour de Julien Bonnaire, meilleur défenseur à son tour face aux Pumas, de subir le terrible jeu de chaises musicales en troisième ligne pour laisser place au capitaine montpelliérain. Ce "joueur de rupture par excellence, chasseur de 10", dixit Lièvremont, qui à la manière d'un Betsen des grands jours, aura pour tâche aux côtés d'un Chabal, reconduit, et de son capitaine, Thierry Dusautoir, de mettre la pépite des Wallabies, Quade Cooper, sous l'éteignoir. Pour le reste, le pack tricolore, après avoir châtié comme rarement la Badjita argentine, ne bouge pas d'un pouce, bien décidé à enfoncer des avants australiens au plus mal face à l'Italie, malgré la victoire finale (32-14). On notera qu'en l'absence d'Harinordoquy et Bonnaire, l'alignement français perd ses deux capitaines de touche. Un rôle qu'il faudra assumer... Ouedraogo pourrait être missionné. On attendait également Jérôme Schuster en tribunes, dans le costume du 23e homme, le rôle est au final dévolu à Luc Ducalcon, auteur pourtant à Montpellier d'une entrée en jeu tout à fait convaincante à un poste de pilier gauche inédit pour lui. Le droit d'être revu Nombreux étaient samedi, à La Mosson, à des postes décisifs qui plus est (Traille, Chabal...), à mettre en exergue le manque de repères engendré par les nombreux changements opérés d'une semaine sur l'autre entre Nantes et Montpellier (14 au total). A l'heure de croiser l'adversaire a priori le plus redoutable de cette série de tests, le message est donc reçu et la ligne de trois-quarts n'enregistre qu'une seule rentrée à l'arrière, où le Perpignanais Jérôme Porical, rare satisfaction derrière sous la pluie face aux Fidjiens, a gagné le droit à une troisième cape. Conséquence de quoi, Alexis Palisson, prêt à dépanner au centre s'il le faut, comme ce fut le cas en fin de match face aux Argentins, retrouve pourtant son aile aux dépens d'un Marc Andreu pourtant pas le moins intéressant des trois-quarts tricolores face aux Pumas, mais rétrogradé sur le banc. Le pied gauche du Briviste aura visiblement pesé dans ce choix. La charnière Parra-Traille et les golgoths du centre, Jauzion et Rougerie, gagnent un tour supplémentaire pour faire la preuve qu'ils peuvent associer la tête et les muscles. "J'ai lu les critiques justifiées sur l'organisation collective, mais aussi expérimentés que soient Damien, Yannick et Aurélien, on n'improvise pas des automatismes en quelques séances", souligne Lièvremont qui n'en a pas moins souligné qu'il avait "demandé plus en termes de fluidité" à Jauzion et Traille, mais aussi au demi de mêlée Morgan Parra. "Ils sont la plaque tournante de l'équipe mais n'ont pas été exempts de tout reproche", a-t-il ajouté. "On attend plus d'eux. On a besoin de repères, changer la charnière n'aurait pas été une bonne chose." Confiance maintenue également au Bayonnais Yoann Huget, invité lui aussi à rempiler. "Huget a fait deux péchés de jeunesse sur des ballons d'attaque et quelques montées défensives kamikazes mais il a montré du potentiel et méritait d'être revu". Le droit de parfaire ce qui n'a pas fonctionné face à l'Argentine. Et il y a du boulot... Le XV de France: Porical - Huget, Rougerie, Jauzion, Palisson - (o) Traille, (m) Parra - Chabal, Ouedraogo, Dusautoir - Pierre, Nallet - Mas, Servat, Domingo. Les remplaçants: Guirado, Schuster, Thion, Bonnaire, Yachvili, Estebanez, Andreu.