Un match Espagne-France, mardi, presque décisif pour la qualification à la Coupe du monde 2014 ? Vous êtes sûr ? A lire la presse espagnole, lundi, ce n'est pas évident. En effet, l'aventurier autrichien Felix Baumgartner squatte les Unes de As et du Mundo Deportivo, Sport évoque l'arrivée possible de Neymar au Barça, tandis que le milieu de terrain allemand du Real Madrid, Mesut Özil, s'affiche en Une de Marca. Et si le quotidien généraliste El Pais publie bien un long entretien avec le "faux neuf" de la Roja, le Catalan Cesc Fabregas, il n'était nullement question du match face aux Bleus de mardi soir.
A 24H d'Espagne France, Cesc Fabregas donne une longue interview à El Pais. Pas une question sur le match et les bleus deportes.elpais.com/deportes/2012/…— Henry de Laguérie (@henrydelaguerie) October 15, 2012
Blasée l'Espagne ? Non, selon Pablo Polo, journaliste à Marca, le plus grand quotidien sportif espagnol. "Si on a choisi de mettre Özil en couverture, c'est parce que c'est rare d'avoir un joueur du Real en interview. Si on n'avait pas eu Özil (actuellement avec la sélection allemande ndlr), on aurait mis Espagne-France en Une", explique-t-il à Europe1.fr.
Mais, dans les faits, le Real Madrid est quand même passé avant la sélection nationale. Et quand il s'agit d'évoquer l'équipe de France, l'essentiel des sujets tourne autour du Madrilène Karim Benzema ou de Franck Ribéry, bien connu pour ses performances en Ligue des champions contre... le Real. Les autres joueurs, eux, "existent" peu au-delà des Pyrénées et Giroud est même rebaptisé Giraud dans un article de marca.com.
"Pas aussi solide que l’Espagne"
"On voit la France comme une équipe qui est en train de progresser, de grandir comme sélection mais qui, évidemment, n'a pas un groupe aussi solide que le groupe espagnol", explique Pablo Polo. Mais il y a un nouvel entraîneur, un groupe légèrement différent et les joueurs espagnols savent que s’ils ne sont pas à 100%, ils risquent d’avoir des problèmes. Tout le monde veut battre l'Espagne, la meilleure équipe du monde, championne du monde en titre." Un discours qui pourrait être le même pour n’importe quelle "petite" équipe...
Pour décrire le danger tout relatif que représente cette équipe de France, Marca s’appuie sur des statistiques : "depuis l'Euro 2008, les Français ont inscrit seulement 43 buts en 31 rencontres officielles". Loin des 90 en 38 matches de l'Espagne ou des performances en qualifications des Pays-Bas ou de l'Allemagne, qui s'est encore imposée 6-1 en Irlande pendant que la France piétinait contre le Japon...
Le tournant de l'Euro
Dans le rapport de force entre l'Espagne et la France, la facile victoire des Ibères en quarts de finale de l'Euro (2-0) a définitivement changé la donne. Avant la rencontre de Donetsk, la France n'avait jamais perdu en match officiel face à la Roja (5 victoires et un nul). Après la défaite, on a surtout relevé que les Bleus restaient désormais sur trois défaites face à l'Espagne (0-1 en 2008 et 0-2 en 2010 en amical puis 0-2 à l'Euro), dont deux leçons de football. Recevoir (et battre) la France deviendrait donc presque commun pour la machine à gagner espagnole.
"En ce moment, ce n'est pas un match important pour nous, on a tout gagné, c'est un match décaféiné", ose même Carlos, fan de la Roja, au micro d'Europe 1. "Maintenant, un match contre la France, c'est étrange, on n'est plus trop intéressé. On est les meilleurs du monde. Il y a les meilleurs joueurs du Barça, du Real, il faut assumer qu'on est favori."
La presse espagnole est du même avis : "la France arrive apeurée par le tonnerre généré par la large victoire de l'Espagne contre la Biélorussie et par sa défaite ce vendredi à Saint-Denis contre le Japon", écrit même As. Cette confiance rappelle celle qui animait l'Espagne avant le huitième de finale du Mondial 2006, où la presse avait promis de "mettre Zidane à la retraite". Quelques heures plus tard, Franck Ribéry et ses coéquipiers dominaient l'équipe de Luis Aragones (3-1).