De prime abord, la décision peut paraître un peu saugrenue. La Fédération américaine de football (US Soccer) a en effet décidé d'interdire aux enfants de moins de dix ans de pratiquer le jeu de tête lors des matches comme à l'entraînement. Pour les enfants âgés entre onze et treize ans, le nombre de têtes sera limité. Ces mesures dévoilées en début de semaine et dont les modalités d'application doivent être définies dans les mois à venir, sont la conséquence d'une plainte déposée devant la justice californienne. Un groupe de parents estimait que les clubs et la Fédération n'avaient aucune politique de sensibilisation et de prévention au problème des commotions cérébrales. "Nous sommes heureux d'avoir pu jouer un rôle en améliorant la sécurité de tous les enfants qui jouent au football dans ce pays", a expliqué Steve Berman, l'avocat des plaignants qui ne réclamaient aucune indemnisation ou compensation.
Moins de risque de commotions cérébrales. Selon une étude réalisée par l'université de Denver entre 2005 et 2014 dans des équipes de lycée, l'interdiction expérimentale de faire des têtes avait nettement réduit le risque de commotions cérébrales. Ce problème a rarement été évoqué en France. "En neurologie standard, en tout cas en France, et sauf problème hémorragique particulier, on ne déconseille pas le football à nos enfants", a indiqué à Europe 1 le docteur Benjamin Rohaut, neurologue réanimateur à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. L'étude, qui évoquait les risques de commotion cérébrale chez les footballeurs, mettait toutefois en évidence que le risque principal résidait dans les chocs entre joueurs.
Un problème prégnant dans le football américain. La mesure de précaution prise par US Soccer s'inscrit dans un débat plus large dans la société américaine autour des risques pris par les sportifs, notamment au niveau cérébral. Cela concerne d'abord les joueurs de football américain. En septembre dernier, l'université de Boston avait révélé que, sur un échantillon de 179 anciens joueurs décédés, 131, soit 79%, souffraient d'une encéphalopathie traumatique chronique (ETC). Il y a un peu plus de deux ans, la ligue professionnelle de football américain (NFL) avait accepté de payer 765 millions de dollars (710 millions d'euros environ) pour mettre fin aux poursuites judiciaires de joueurs souffrant d'ETC.
Concussion, le film choc. Un film produit par Ridley Scott et interprété par Will Smith, Concussion ("commotion cérébrale" en anglais), évoque ce sujet. Dévoilé mardi à Los Angeles en avant-première mondiale, il retrace le parcours d'un médecin né au Nigeria, Bennet Omalu, premier à avoir mis en évidence les dégâts cérébraux causés par les contacts au football américain. Sa sortie est prévue pour décembre aux Etats-Unis et pour mars en France.
Concussion sera sur les écrans français le 6 mars prochain :