"C'est dur à avaler, là. Je ne sais pas ce qui nous a manqué, on va regarder la vidéo." A l'issue de la défaite face à l'Espagne, jeudi soir, en demi-finales de l'Eurobasket (80-75 après prolongation), Tony Parker avait du mal à trouver les mots. Le meneur de jeu de l'équipe de France, celui qui l'avait portée jusqu'à son premier titre de championne d'Europe, il y a deux ans, venait de passer à côté du rendez-vous face à l'Espagne : 10 malheureux points, 4 rebonds, 6 passes décisives, une adresse famélique (4/17 aux tirs, avec parfois, c'est vrai, des shoots difficiles en fin de possession) et quelques choix hasardeux. Cerise sur le gâteau : deux lancers francs manqués dans la prolongation et un tir contré par Rudy Fernandez, celui-là même qu'il l'avait envoyé au sol lors de l'Eurobasket 2011. "C'est clair que je n'ai pas été bon dans le match le plus important, il ne faut pas se le cacher", a confié "TP" vendredi, à froid.
Gasol et l'Espagne prennent le dessus sur les Bleus :
Jamais au niveau dans cet Euro. En dehors du premier match face à la Finlande, remporté par les Bleus après prolongation (23 points à 9/21 aux tirs), Tony Parker n'a jamais passé la barre des 20 points dans cet Euro. Efficace dans les quatre premiers matches, économisé par Vincent Collet, "TP" a commencé à disparaître de la circulation à partir du dernier match de poule, face à Israël, avec un 0/5 aux tirs et 0 point à l'arrivée. Cette bulle, toute relative (les Bleus ont toujours eu le match en mains) a-t-elle joué sur le moral du meneur français ? Toujours est-il qu'il a connu moult difficultés lors de la phase à élimination directe à Villeneuve d'Ascq, où il a "seulement" réussi un coup d'accélérateur, impressionnant et décisif, contre la Lettonie (9 points en 1'40"). Mais les chiffres de son adresse sur les trois matches disputés au stade Pierre-Mauroy font mal, très mal : 11/42 aux tirs, soit 26% d'adresse.
L'un des rares moments de "folie" de Parker dans cet Euro :
Comment expliquer une telle faillite ? La pression d'un titre à défendre à domicile ? La perspective de manquer les JO, l'an prochain ? "Je me suis peut-être mis trop de pression sur cette compétition. C'est la seule raison que j'arrive à trouver", considère le principal intéressé. "Je n'ai pas réussi à me relâcher et à jouer comme d'habitude. Pourtant, j'ai eu de la pression toute ma carrière. Je m'étais préparé comme jamais et quand tu finis comme ça, tu te demandes ce que tu as fait aux dieux pour mériter ça. Mais c'est la vie."
Rebond attendu. Ce "naufrage" est effectivement difficile à concevoir quand on sait que le bonhomme est quatre fois champion NBA, quand même. Mais aux Spurs, il partage les responsabilités avec Tim Duncan et Manu Ginobili, ce qui n'est pas encore le cas avec la France, malgré Nicolas Batum ou Boris Diaw. Parker souffrait-il d'autre chose que de maux de tête ? Visiblement, non. Et sa saison écourtée avec les Spurs était censée l'amener au top de sa forme physique pour les matches à élimination directe. Vainqueur l'an dernier de l'Espagne en quarts de finale sans lui (mais avec un brillant Thomas Heurtel), elle a cette fois échoué avec lui.
Malgré cette déconvenue, Parker entend relever la tête très vite, comme il l'avait fait avec les Spurs après avoir perdu le titre NBA 2013 sur le fil avec les Spurs contre Miami. L'année suivante, il décrochait sa quatrième bague de champion. "En 2013, après la défaite contre Miami, il fallait vite basculer pour aller chercher le titre avec l'équipe de France. Là, il faut le faire pour le bronze. On enchaîne les médailles depuis trois, quatre ans, ce serait bien de finir ici avec une autre." Ce ne sera pas chose facile, contre le perdant de la seconde demi-finale qui opposera vendredi soir la Serbie à la Lituanie. Il sera temps, ensuite, de se projeter sur le tournoi de qualification olympique, qui aura lieu à la fin de cette saison 2015-16.