On attendait plus volontiers Tony Parker, Boris Diaw ou Nicolas Batum. Mais ce sont deux autres joueurs de l'équipe de France qui se sont mis en évidence lors du premier tour de l'Eurobasket à Montpellier : Nando De Colo, qui monte en puissance à chaque grand tournoi, et Rudy Gobert, la vraie révélation pour le grand public. Le pivot du Utah Jazz a profité des circonstances - cadres préservés lors de matches rapidement pliés, faible opposition - pour briller, notamment en défense. Ses dunks rageurs et ses contres dévastateurs ont inondé les réseaux sociaux où son surnom, "Gobzilla", a essaimé. Ses belles performances se traduisent en statistiques : le pivot des Bleus affiche 7,4 rebonds par match (10e meilleur rebondeur de la compétition) et 2,3 contres (2e contreur derrière la star espagnole Pau Gasol).
"J'ai l'impression d'être monté en puissance petit à petit mais ce sont des matches de poule. Ma meilleure prestation défensive, c'était contre la Pologne (7 rebonds, 3 contres)", reconnaît Gobert, qui a déjà réalisé de grandes choses avec le Jazz la saison passée (24 rebonds face à Memphis, un double-double en un seul quart-temps...). "Après, offensivement, chaque match est différent. Les arbitres aussi. Parfois, on peut jouer dur, parfois non. Vincent (Collet, le sélectionneur) a beaucoup fait tourner. Je suis content que mes coéquipiers me trouvent de mieux en mieux et d'avoir réglé la mire aux lancers francs aussi (13/19, 68,4%). Maintenant, les choses sérieuses commencent et c'est là que cela compte."
"Ca change énormément de choses à notre jeu." Alors que l'équipe de France n'a pas forcément brillé par son adresse lors de ce premier tour, Gobert offre enfin un vraie alternative au jeu des Bleus, à l'intérieur, un secteur où le basket tricolore attend un leader depuis longtemps. Joakim Noah bien distant avec la sélection, Gobert, déjà auteur d'une belle Coupe du monde l'année dernière, pourrait être cet homme, capable d'inscrire des paniers faciles en attaque et arme de dissuasion massive en défense. "Ca change énormément de choses à notre jeu", concède le capitaine des Bleus, Boris Diaw. "Tous les joueurs adverses ont peur quand ils arrivent dans la raquette, ils sont obligés de changer leur shoot, de faire des passes ou ressortir le ballon parce qu'ils voient le grand Gobert au milieu de la raquette, donc oui, je vois l'importance qu'il a sur notre défense."
2,37 m d'envergure. Gobert, qui culmine à 2,15 m et présente une envergure de 2,37 m, a effectivement de quoi troubler n'importe quel shooteur tenté de s'approcher trop près du cercle. L'éclosion de Gobert en Bleu s'accompagne de la confirmation d'un autre talent intérieur, Joffrey Lauvergne, âgé comme lui de 23 ans et pouvant jouer ailier fort comme pivot. "Je suis content que Vincent (Collet) nous mette un peu ensemble", reconnaît le natif de Saint-Quentin. "Dans le futur, on risque de jouer pas mal ensemble. On l'a fait un peu pendant la préparation et cela c'était bien passé. On aime vraiment ça et on essaie de se passer le ballon, donc c'est le principal." Le principal pour l'équipe de France, maintenant, est de se mettre dans le bain des matches à élimination directe. Le premier (et on espère pas le dernier) aura lieu samedi soir, face à la Turquie (21h00). "Il y a Ersan Ilyasova, (Semih) Erden, qui jouait en NBA avant", reconnaît Gobert. "C'est à nous de bien jouer notre match. Tous les détails compteront. Ce sera à nous d'être prêts. Maintenant, les matches sont couperets. On a suffisamment de gars expérimentés pour le savoir." Et désormais un intérieur qui compte.