L’INFO. Ce qui aurait pu être un banal événement de course est en train de se transformer en crise interne. L'accrochage, dimanche, au 2e tour du Grand Prix de Belgique de Formule 1 entre Nico Rosberg, alors 2e, et Lewis Hamilton, en tête depuis le premier virage, a déclenché une crise ouverte dans l'écurie Mercedes-AMG.
Les Senna et Prost du 21e siècle ? Comme aux plus beaux jours des affrontements entre Ayrton Senna et Alain Prost, qui avaient plusieurs fois franchi la limite dans les années 80 alors qu'ils étaient coéquipiers chez McLaren, l'arrivée de ce Grand Prix, sur le circuit de Spa-Francorchamps, a été suivie d'une belle série de déclarations à l'emporte-pièce. "Je sors d'une réunion où on vient d'en parler et il (Rosberg) a dit, en gros, qu'il avait fait exprès, a dit Hamilton, très calme, avant de quitter le circuit belge. Il a dit qu'il aurait pu l'éviter (l'accrochage, Ndlr) mais qu'il ne l'a pas fait. Il a dit : ‘Je l'ai fait pour marquer le coup’", a ajouté le Britannique, champion du monde 2008.
Hamilton persudé d’être dans son droit. "Si vous voulez vérifier ce que je vous dis, vous pouvez aller demander à Toto (Wolff, le directeur général) et Paddy (Lowe, le directeur technique), ils sont très énervés contre lui eux aussi", a conclu Hamilton, persuadé d'être dans son bon droit car il était "sur la trajectoire intérieure du virage, à la corde". Un peu plus tôt, dans le motor-home de la marque à l'étoile, Wolff avait courageusement affronté une meute de journalistes et apporté sa pierre à l'édifice de la polémique qui va probablement occuper les trois prochains mois, jusqu'au dénouement du GP d'Abou Dhabi fin novembre.
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“Tout l’équipe se sent trahie”. ”Je me sens trahi. Toute l'équipe se sent trahie. Nous n'avons encore rien décidé, à chaud, mais nous allons réfléchir, tous ensemble, à la question de savoir s'il faut mettre en place des consignes de course", a réagi Wolff, sans langue de bois. Jusqu'à maintenant, il avait toujours autorisé ses deux pilotes à se battre, à une seule condition : ne pas se toucher. "C'est bien joli d'être des amateurs de course automobile, mais si on continue à vouloir assister à tout prix à de belles bagarres en piste, on risque de se retrouver le soir du GP d'Abou Dhabi en ayant perdu un ou deux championnats, après avoir dominé toute la saison, et on passera vraiment pour des imbéciles. On a perdu des points précieux aujourd'hui", a ajouté Wolff, très contrarié aussi par le retour en forme des Red Bull à moteur Renault. À chaud, juste après l'arrivée, Wolff avait été encore plus précis : "C'est complètement inacceptable, incroyable. C'était le 2e tour d'une longue course, on en avait parlé souvent ensemble, et c'est arrivé. On n'essaie pas de doubler, le couteau entre les dents, au 2e tour, avec comme résultat deux voitures abîmées. C'est un moment décisif dans leur duel, et pour notre équipe".
Rosberg sifflé sur le podium... Le président non-exécutif de l'écurie allemande, Niki Lauda, a abondé dans le sens de Wolff : "Je me suis excusé auprès de Lewis". Le triple champion du monde autrichien regrette aussi et surtout que cet incident de course "ait offert la victoire à Red Bull", en net regain de forme. À son arrivée sur le podium, Rosberg a été copieusement sifflé et hué par le public, puis il s'est maladroitement défendu en conférence de presse. "Je suis très déçu pour l'équipe, car nous avons la meilleure voiture et nous aurions dû faire un doublé. Nous sommes ici pour faire le spectacle, mais pas de la manière dont ça s'est passé aujourd'hui. Je regrette bien sûr qu'on se soit touchés, car ça m'a coûté la victoire", a dit Nico, très mal à l'aise.
...mais principal bénéficiaire malgré tout. Le résultat des courses, c'est qu'il va repartir de Spa avec 29 points d'avance sur Hamilton, qui a abandonné. Et l'ironie de l'histoire, c'est que si des consignes de course sont décidées pour la fin de saison, chez Mercedes, afin d'éviter une catastrophe au dernier GP à Abou Dhabi, il en sera le principal bénéficiaire s'il est encore en tête du championnat. Il reste sept GP à disputer mais rien n'est encore joué dans ce championnat hors-normes.