S'il a été avare d'événements en course - c'est le moins qu'on puisse dire -, le Grand Prix de Chine a pris une autre dimension, dimanche, après l'arrivée. Les deux pilotes Mercedes, Lewis Hamilton, vainqueur, et Nico Rosberg, deuxième, ont en effet échangé quelques piques lors de la traditionnelle conférence de presse. L'objet de leur dispute : le comportement en course du Britannique, accusé par Rosberg d'avoir volontairement ralenti le rythme pour lui compliquer la vie. "Je trouve cela intéressant de t'entendre dire, Lewis, que tu ne pensais qu'à toi devant, car évidemment cela a compliqué ma course", a déclaré le pilote allemand, irrité. "Le fait d'avoir conduit plus lentement que nécessaire a offert à Sebastian (Vettel, Ferrari, troisième) une possibilité pour tenter de me passer. Et à la fin, mes pneus étaient fichus car ma durée d'attente (avant de les changer aux stands, ndlr) a été plus longue. Je ne suis pas content de cela."
"Your pace was compromising my race."Full story on a tense #ChineseGP press conference >> http://t.co/UFmYUS2APSpic.twitter.com/2fvfDdj9Ds— Formula 1 (@F1) April 12, 2015
"Ton rythme a compromis ma course", a insisté Nico Robserg.
"Ce n'est pas mon boulot de gérer la course de Nico." Hamilton s'est défendu, en répondant tout aussi froidement : "Ce n'est pas mon boulot de gérer la course de Nico. Mon job, c'est de gérer ma voiture et de la mener le plus vite possible jusqu'au bout. C'est ce que j'ai fait. Je n'ai rien fait d'intentionnel pour ralentir d'autres voitures". Durant la course, Rosberg avait déjà reproché à son coéquipier de ne pas aller assez vite. Pourquoi un tel reproche ? Parce que les pneus Pirelli qui chaussent les F1 résistent mal, sur la piste de Shanghai, aux échappements de la voiture qui précède. Pas assez rapide pour inquiéter Hamilton et suffisamment lent pour être sous la menace de Vettel, Rosberg s'est trouvé pris en sandwich et a été contraint d'adopter une stratégie défensive.
Le résultat du machiavélisme d'Hamilton ? Le champion du monde en titre s'en est défendu. "Il a fallu que je contrôle l'écart entre Nico (Rosberg) et moi, tout en économisant les pneus en fonction de mes besoins", s'est justifié le Britannique. "Ils (le team Mercedes) n'arrêtaient pas de me dire sur la fréquence radio de pousser ma vitesse, mais moi j'essayais de gérer mes pneus. C'est comme si vous disposez de 100 livres sterling qu'il vous faut dépenser de façon rationnelle sur une période donnée. Nico, lui, n'a jamais représenté une menace durant toute la course." Et bam !
La défaite enregistrée dimanche par Rosberg est difficile à encaisser. Le pilote allemand était déjà très énervé après les qualifications de samedi, où il avait laissé échapper la pole position pour quatre centièmes seulement. Il avait alors magnifiquement ignoré son coéquipier pour ne serrer la main que de son compatriote, Sebastian Vettel. Hamilton et Rosberg, qui ont fait leurs armes ensemble en karting, entretiennent des relations tendues depuis la saison dernière. Le Grand Prix de Belgique, où Rosberg avait heurté par l'arrière son coéquipier, avait marqué une rupture. Hamilton avait ensuite pris nettement le dessus sur son coéquipier pour coiffer une deuxième couronne mondiale. Depuis le début de la saison, le Britannique, trois poles positions et deux victoires, a confirmé sa domination.
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