WIMBLEDON - Le Suisse a bien failli sortir dès le premier tour.Manquer, échouer, défaillir. Telle est la signification du verbe espagnol fallar. Voilà exactement ce qu'a failli faire Roger Federer, à deux doigts, lundi, de passer à la trappe dès le premier tour de Wimbledon devant le Colombien Alejandro Falla. Six fois lauréat de la levée du Grand Chelem anglaise depuis 2003, seulement battu en 2008 par Rafael Nadal au bout d'une finale d'anthologie, le Suisse a rarement semblé autant à l'agonie sur le gazon londonien. Quand, une heure et vingt minutes après l'ouverture de la quinzaine sur le central court, le tableau d'affichage indiquait un score de deux sets à zéro contre le maître des lieux (5-7, 4-6), un vent de fin de règne traversait les tribunes d'une enceinte décontenancée. Pris à la gorge par un adversaire qu'il venait de battre coup sur coup à Roland-Garros puis à Halle, Federer, vainqueur de 76 de ses 78 derniers matches sur herbe, donnait l'impression d'encaisser les coups sans pouvoir les rendre. Acculé derrière sa ligne de fond de court, imprécis, le Bâlois a longtemps arrosé avant de retrouver un peu de sa superbe. Et le vent du boulet est passé près, très près, dans les troisième et quatrième manches. "J'ai vraiment eu de la chance de m'en sortir"Au troisième set, à 4-4, Falla a mené 0/40 sur l'engagement du n°2 mondial mais n'a converti aucune de ses quatre balles de break avant que Federer ne lui chipe dans la foulée sa mise en jeu, et le set avec (6-4). Mais c'est bien au quatrième set que Federer a frisé la correctionnelle. Toujours aussi fébrile, abusant de ses revers slicés, le Suisse s'est retrouvé dos au mur quand, à 5-4 pour le Colombien, Falla a servi pour la plus grande victoire de sa carrière. A cet instant le bras du 60e joueur mondial, né il y a vingt-six ans à Cali, a tremblé, offrant sur un plateau le debreak à Federer. Le come on du Suisse a traversé les murs du très feutré All England Club. Malgré une nouvelle alerte à 5-5, où il dut écarter une nouvelle balle de break, l'Helvète devenait pour la première fois de l'après-midi le patron du court lors du jeu décisif qu'il survolait (7-6 [1]). La chance de Falla venait de passer. Federer, soulagé d'être revenu à hauteur, faisait cavalier seul dans la manche décisive au point de coller une roue de bicyclette à un adversaire qui ne méritait pas une telle sortie (6-0). Le tenant du titre ne s'attendait, lui, sans doute pas à ce genre d'entrée dans son tournoi préféré. "J'ai vraiment eu de la chance de m'en sortir, a-t-il concédé avant de sortir du court. J'ai perdu beaucoup de matches cette année que j'aurais dû gagner. Celui-ci en est un que j'aurais dû perdre mais je suis passé." Aussi fou que cela puisse paraître, l'homme aux seize Majeurs peut s'estimer heureux, au soir de la première journée des Inetrnationaux de Grande-Bretagne, d'être encore en course pour le titre.