La candidature de Michel Platini à la présidence de la Fifa s'est brusquement envenimée ce week-end avec deux étranges affaires médiatiques. C'est d'abord l'actuel président de l'instance internationale, le Suisse Sepp Blatter, qui a dit dans un entretien au quotidien néerlandais De Volkskrant que Platini l'avait menacé de prison s'il se représentait en mai dernier. Puis, le quotidien allemand Die Welt a révélé dimanche l'existence d'un article à charge contre l'actuel président de l'UEFA, intitulé "Platini : un cadavre dans le placard". Cet article, qui aurait été remis à plusieurs rédactions, présenterait Platini comme "un des plus grands magiciens du ballon que l'Europe ait jamais vus", mais pas "assez grand pour être président de la Fifa si l'on regarde du côté du Qatar". Le président de l'UEFA ne s'en est jamais caché : il avait voté pour le Qatar lors de l'attribution, très controversée, de la Coupe du monde de football 2022 au petit - mais riche - Emirat du Golfe.
La Fifa va enquêter... L'UEFA a visiblement pris très au sérieux cette histoire d'article, rédigé selon le Die Welt par Thomas Renggli, un proche collaborateur de... Blatter. L'instance européenne de football a envoyé une lettre de protestation au secrétaire général de la Fifa, le Français Jérôme Valcke, avec copie à Domenico Scala, président du comité d'audit et de conformité de l'instance mondiale, et à Cornel Borbély, président de la chambre d'instruction de la commission d'éthique. "Nous avons demandé à la Fifa d'enquêter sur l'origine de cet article car nous sommes préoccupés par les rumeurs sur une campagne présumée de dénigrement à l'encontre du président de l'UEFA", a insisté auprès de l'AFP un porte-parole de l'UEFA. Lui-même égratigné par les récents scandales à la tête de la Fifa, Jérôme Valcke a indiqué lundi qu'une enquête allait être ouverte.
Attaqué par Chung-Mong-joon. Par ailleurs, Platini doit faire face aux attaques frontales de son premier adversaire déclaré, le Sud-Coréen Chung Mong-joon, qui a officialisé sa candidature, lundi, à Paris, en pointant le degré de proximité entre le dirigeant français et... Blatter, dont il a été l'un des principaux soutiens lors de sa première élection à la présidence de la Fifa, en 1998. "Des médias européens ont fait de Michel des portraits selon lesquels il était le protégé de Sepp Blatter", a insisté Chung Mong-joon. "Connaissez-vous les relations entre Platini et Blatter ? Ce n'est pas une situation saine pour Michel. Je pense qu'il serait bon pour lui de ne pas être candidat cette fois." Dans cette mini-tourmente médiatique - mais il devait s'y attendre -, Platini a reçu le soutien de Jean-Michel Aulas. Interrogé sur ce sujet car Chung Mong-Joon est membre de la famille propriétaire du constructeur Hyundai, principal partenaire de l'OL, le président du club rhodanien a réaffirmé sa confiance en Platini, lundi. "Pour moi, Platini va aller au bout car il est le meilleur", a souligné "JMA".
Personnalité influente du football asiatique, Chung Mong-joon n'aura pas le soutien de la Confédération asiatique, dont le président, le Sheikh Salman Bin Ibrahim Al Khalifa, a d'ores et déjà qualifié Platini de "candidat remarquable". Ce n'est donc sans doute pas du côté de Chung Mong-joon que viendra le plus grand danger pour Platini...