Il avait promis en 2011 que ce serait son dernier mandat. Pourtant, Sepp Blatter, le président de la FIFA, a changé d'avis. Le Suisse a confirmé mardi, lors de l'ouverture du congrès de l'institution, son intention de briguer un cinquième mandat. "J'ai le feu sacré", a même lancé Sepp Blatter lundi soir. Entre les accusations de corruption et les polémiques sur l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, la candidature du Suisse ne fait plus l'unanimité.
L'Europe contre-attaque. Mardi, la première salve est venue des représentants européens, l'UEFA. Alors que Sepp Blatter effectue la tournée des six confédérations, comme avant chaque congrès de la FIFA, le président de la fédération néerlandaise, Michael Van Praag, se lève pour prendre la parole. "Je vous aime beaucoup, n'y voyez rien de personnel, mais la réputation de la FIFA est aujourd'hui indissociable de la corruption. La FIFA a un président, vous êtes président, vous ne devriez pas vous représenter, ce n'est pas bon pour la FIFA".
L'ombre du Qatargate. Car depuis trois ans, l'instance dirigeante du football mondial a été violemment critiquée. Principale accusation : les conditions d'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Début juin, le journal britannique Sunday Times a affirmé qu'un ancien haut responsable qatari a versé des millions d'euros de pots de vin pour obtenir le soutien de personnalités du football à la candidature du Qatar. Le Suisse a même avoué que l'attribution du Mondial 2022 au petit état gazier était une erreur. Mais devant ce dernier épisode du Qatargate, Sepp Blatter répète qu'il ne quittera pas le navire en pleine tempête. Devant les représentants européens, mardi, il a tenu un discours similaire. Sans les convaincre.
Du rififi à la FIFA. Mais pour l'UEFA, le problème a un nom : Sepp Blatter. "Il n'y a pas de tempête sur le football, il y a une tempête sur la FIFA", a taclé Gianni Infantino, secrétaire général de l'UEFA, après la réunion avec le Suisse. L'instance européenne va même plus loin. Elle menace de s'opposer frontalement à une candidature de Sepp Blatter. Le favori des Européens n'est autre que le rival du Suisse : Michel Platini. L'ancien numéro 10, actuel président de l'UEFA, est "notre candidat préféré", selon Michael Van Praag, le président de la fédération hollandaise. Pour l'instant, le Français n'a toujours pas décidé de se présenter ou non à la tête de la FIFA.
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Pas de neutralité. Mais même en cas de réponse négative, l'UEFA ne compte pas laisser le champ libre à Sepp Blatter. Michael Van Praag confirme : "Si Platini n'y va pas, l'UEFA se réunira pour voir si elle doit promouvoir un candidat, et à mon avis, nous devrions promouvoir un autre candidat dans ce cas". Car Michel Platini est aussi dans l'œil du cyclone. Le journal britannique The Telegraph a accusé, début juin, le président de l'UEFA d'avoir rencontré un haut dirigeant qatari, depuis lors condamné pour corruption, un mois avant le vote pour l'attribution du Mondial 2022. Des accusations rejetées en bloc par le Français.
Blatter a encore des soutiens. C'est dans cette ambiance tendue que va s'achever mercredi le congrès de la FIFA. Mais la contestation des Européens ne s'est pas étendue aux représentants des autres confédérations. L'accueil des membres africains et asiatiques à Sepp Blatter était même loin d'être glacial. Après son discours, le Suisse a reçu à chaque fois un tonnerre d'applaudissements. Après 16 ans de présidence, Sepp Blatter ne lâche rien.
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