Une pente affolante. Comme souvent depuis que la Flèche Wallonne se termine dans le mur de Huy, tout s'est joué dans ce dernier kilomètre. Un kilomètre pas comme les autres, tant la pente, qui atteint jusqu'à 20% dans certaines portions, oblige les coureurs à se déhancher, se courber sur leurs bécanes. Un kilomètre qui paraît en durer des dizaines, tant chaque coup de pédale nécessite un effort violent.
Les sprinters de côte ont brillé. Dans ce mur où seuls les costauds peuvent tirer leur épingle du jeu, c'est un habitué des lieux qui s'est imposé : Alejandro Valverde s'est adjugé pour la troisième fois de sa carrière cette classique qui privilégie les puncheurs. En sprinter des montagnes, l'Espagnol a pris les commandes du peloton de trente coureurs à mi-pente, pour ne jamais la lâcher. Déjà deuxième la semaine dernière sur l'Amstel Gold Race, remportée par le jeune champion du monde Michal Kwiatkowksi (24 ans), le leader de la Movistar rageait : "J'étais tout près cette fois, je suis impressionné par la nouvelle génération, mais je ne vais pas leur laisser la place facilement ".
La révélation Alaphillipe. Parmi les jeunes pousses de cette nouvelle génération, un Français explose littéralement depuis cette saison. Julian Alaphilippe (23 ans, Etixx-Quick Step), déjà 7e de l'Amstel Gold Race, est cette fois-ci venu mourir sur les talons de son aîné. Mais cette deuxième place a le goût d'une victoire pour le natif de Saint-Amand Montrond. Elle présage en tout cas d'un futur radieux pour ce pur puncheur, au profil si rare dans le cyclisme français.
L'avenir français sur les classiques ? Et pour cause, Julian Alaphilippe est un pur coureur de classiques, typiquement le genre de coureur dont manque cruellement la France. Sur les dernières années, seuls Sylvain Chavanel (2e de Paris-Roubaix en 2011), vieillissant aujourd'hui, Sébastien Turgot (2e de Paris Roubaix en 2012) et surtout Tony Gallopin (vainqueur de la Clasica San Sebastian en 2013) ont réussi de belles performances sur ces courses d'un jour.
Des coureurs français au registre plus étoffé.Dans les colonnes de La Croix, le directeur sportif de la FDJ expliquait ce désamour pour ces classiques, pourtant adulées en Belgique ou aux Pays-Bas : "Chez nous, la seule chose qui compte vraiment, c’est le Tour de France. Une victoire d’étape au Tour est plus facile à obtenir qu’un succès dans une grande classique et elle est beaucoup plus rentable économiquement pour les équipes et les coureurs qui focalisent toute leur saison sur le mois de juillet." Mais des coureurs français prouvent depuis peu que le cyclisme français peut étoffer son registre. Vainqueur d'étape sur le Tour et porteur du maillot jaune en 2014, Tony Gallopin par exemple renoue avec l'héritage de Laurent Jalabert : celui d'un coureur complet, capable de briller sur les courses par étapes comme sur les courses d'un jour. Nul doute que le jeune Alaphilippe ambitionne lui aussi d'emprunter cette voie.
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