Les ligues espagnole et portugaise s'opposent à la Fifa sur la propriété de joueurs par des tiers.
Les Ligues de football professionnel de l'Espagne et du Portugal ont ouvert un front judiciaire contre la Fédération internationale de football (Fifa). Les deux Ligas ont dénoncé devant la direction générale de la concurrence de la Commission européenne la décision de l'instance de régulation du football mondial d'interdire la propriété de joueurs par des tiers, phénomène connu également sous le nom de "TPO" pour l'expression anglaise de "Third-party ownership". "Cette interdiction enfreint les normes de protection de la concurrence du Traité de fonctionnement de l'Union européenne (TFUE), ainsi que les libertés fondamentales d'établissement, de prestation de service, de travail et de circulation de capitaux", écrivent les deux ligues dans un communiqué commun. Selon les deux ligues, cette plainte "peut entraîner une sanction de plusieurs millions" d'euros "pour la Fifa et des indemnités pour les clubs, les joueurs et les tiers affectés".
Le comité exécutif de la Fifa a annoncé le 19 décembre dernier qu'il mettrait en application au 1er mai 2015 son interdiction de la propriété de joueurs par des tiers. La Fifa précisait alors que "les accords déjà existants doivent être maintenus jusqu'à leur expiration contractuelle" et que "les nouveaux accords signés entre le 1er janvier et le 30 avril 2015" seront limités à une durée d'un an maximum.
Un combat de Platini. La Fifa a pris cette décision sous la pression de l'UEFA, dont le président Michel Platini dénonce le fait que les joueurs ne soient plus maîtres de leur avenir parce qu'ils appartiennent "de plus en plus souvent à des sociétés opaques basées dans des paradis fiscaux et contrôlées par on ne sait quel agent ou fonds d'investissement". "J'ai constamment alerté pendant des années sur cette pratique, qui s'est répandue et est un danger pour notre sport", avait souligné Platini au moment où la Fifa avait décidé de suivre les recommandations de l'UEFA. "Cela menace l'intégrité de nos compétitions, dégrade l'image du foot, représente une menace à long terme pour les finances des clubs et pose question concernant la dignité humaine."
Tevez, Falcao et Neymar : les exemples les plus célèbres. On parle de propriété par un tiers quand un joueur appartient pour partie à un club et pour partie à un oui plusieurs investisseurs. Cette pratique est largement répandue en Amérique du Sud mais elle a également gagné l'Espagne et le Portugal. Plusieurs cas célèbres ont suscité moult réactions ces dernières années, parmi lesquelles l'Argentin Carlos Tevez, le Colombien Radamel Falcao (ci-dessus), le Brésilien Neymar ou encore le Français Eliaquim Mangala. Pour acquérir l'international tricolore l'été dernier, Manchester City avait ainsi dû payer le FC Porto, où évoluait le joueur, mais également deux fonds d'investissement qui détenaient une partie des droits de propriété du défenseur central.